La Bulle des Invulnérables

Janvier 1972, Keith Richards et son idole Chuck Berry sont ensemble sur scène. Les deux, largement intoxiqués. Berry finit par l'expulser de la scène, trouvant qu'il joue trop fort et ne le reconnaissait pas. Richards sera déçu de la rencontre de son idole.  

Février 1972, les mix continuent pour la sortie d'Exil On Main St., prévue dans 2 mois. 

Les temps sont fous aux États-Unis. Un vent d'hostilité accompagne les Stones.

Mars 1972: Mick Taylor. sous l'emprise de l'héroïne et presqu'en dépression suggère à Bill Wyman et Charlie Watts de former leur propre band. Taylor créé beaucoup, sans en être crédité. C'est le premier album où il est dans la production du début à la fin et se demande si le chaos de Nellcôte est permanent. Les deux autres n'anticipent pas de quitter quiconque. 

On projette une giga-tournée à venir et pour la première fois, Keith se sent dans la position empoisonnée de Brian Jones. C'est-à-dire qu'il est si sous l'emprise de l'héroïne qu'il craint à la fois les frontières où on y découvrirait les drogues, mais aussi que le band, comme Taylor vient de le suggérer à deux d'entre eux, ne veuillent plus de ce leadership éméché. Mick Jagger et Bianca se sont rapprochés de John Phillips des Mama's & The Pappas. Jagger et Richards ne sont pas dans les mêmes vibrations. Richards choisit donc d'aller suivre une cure de désintoxication à Vevey, en Suisse. Où on lui enlève de son sang contaminé pour lui en transfuser du nouveau. Pur et propre. Jagger enregistre une promo pour la sortie de l'album. Le sens du marketing est inné en Jagger. Les Jagger et leur fille prennent trois semaines de vacances à Bali, en Indonésie.

À la mi-avril, le premier single est lancé. Jagger jouer la guitare rythmique et Mick Taylor est à la basse sur le morceau car Bill Wyman n'y était pas ce jour-là, à Nellcôte, lorsqu'enregistrée. La face B sera la délicieuse Sweet Black Angel. 3 jours plus tard, en Suisse, Anita Pallenberg donne aussi naissance à une fille qu'elle et Keith baptiseront Dandelion Angela. On rappelle aux Stones de ne pas retourner en France car le pays les attendrait pour des questions relatives aux consommations répétées de drogues de Keith. À quelques jours du lancement de leur 10e album, Bill & Charlie rencontrent une de leurs idoles à leur tour, Wilson Pickett. Ça se passe beaucoup mieux que Keef avec Chuck. 

On commence à se pratiquer pour la tournée à venir, qui se nommera Stones Touring Party (STP). Party comme dans "groupe" (très britannique comme appellation) mais aussi comme "faire la fête". Le nom de la tournée indique le ton souhaité. On pratique où se trouve Keith, en Suisse. À Montreux. The Renegades ou The Extra Terrestrial Bumble pratiquent. The Rolling Stones undercover. Pour la première fois de l'histoire des tournées musicales, des passes accrochées au cou seront nécessaires afin d'indiquer que vous entrer dans la bulle de l'équipe du band. Sans passes, comprenant votre photo, vous n'existez pas à l'intérieur de la bulle. Dans la bulle, le monde extérieur est une fenêtre occasionnelle. Surtout en soirée sur scène. Vous êtes à la une des journaux de toutes les villes que vous visiterez. Ce sera la première visite des Stones aux États-Unis depuis la fin des Beatles. Et sans la présence des Beatles dans le marché, tous les autres groupes avançaient d'une case parmi les meilleurs au monde. Il y a bien Led Zeppelin, mais les Stones y étaient avant. Et seront considérés comme royautés. 

Exil On Main St. est un 4ème album de suite qui cartonne. Du moins, auprès des critiques. Qui au début, hésitent. Un album double de surcroît. Le temps passe si vite, on ne prendra pas la mesure de la réception de ce disque, qui, par la critique est encensé,  n'est pas encore considéré comme l'un de leur dernier parfait effort, mais qui ne vendra pas autant que la tournée rapportera. Du moins pas tout de suite. Jagger l'a compris depuis longtemps. Pour faire de gros sous, il faut partir en tournée. La STP Tour se dirige vers une crossfire hurricane. En juin, on continue de pratiquer à L.A., dans les studios de Warner Brothers. Toujours sous de fausses identités.

Le karma autour des Stones n'est pas le même que celui qu'avaient les Beatles. Personne ne débat sur qui est plus "cute"entre Paul Mick ou John Keith. Ils sont tous sales égal. Si les Fab Four chantaient la drogue, ils ne faisaient qu'en parler. Les Stones se font prendre en possession de. 

Au début des années 70, les baby-boomers comprennent que le monde est en train de verser en leur faveur. Une autre génération comme celle de Richard Nixon se fait prendre à tricher. Les Stones se sont fait tricher par Klein, d'un autre génération. Dans les tournées d'il n'y a pas si longtemps, les artistes appartenaient aux maisons de disques. Dans la STP Tour, l'artiste décidera et dirigera absolument tout. L'argent qu'ils génèrent pour eux étant l'argument massue. 

En juin commence la tournée avec 12 concerts entre Vancouver, Seattle (2), San Francisco (4),  Los Angeles, Long Beach, Inglewood (2), San Diego. Stevie Wonder, ayant lancé Music of My Mind en janvier, marquant un tournant musical pour lui, et qui lancera l'excellent Talking Book d'ici la fin de l'année, fait la première partie et parfois, revient sur scène afin de faire avec les Stones son morceauson morceau Uptight (Everything's Alright) et I Can't Get No (Satisfaction) avec eux en rappel. Wonder connaitra des années 70 immenses, meilleures que les Stones dans les ventes (autour de 1977) et la visibilité qu'il obtient de cette foule rock aidera aussi. Son single Superstition annonçant son prochain album est un gros succès qui plait aussi à tous. 

Depuis Altamont, la sécurité est davantage resserrée. La tête de Mick Jagger est mise à prix par les Hell's Angels. Certains soirs, on exige les plans de l'endroit. Pour en étudier les fondations et les possibles entrées par effraction ou les invasions sur scène. Des armes à feu sont présentes dans la sécurité entourant les gars de Stones. Et nous sommes aux États-Unis, où le mouvement des droits civiques, les Black Panthers, les mouvements anti Vietnam, faisaient perdre des balles de fusil. Une fébrilité est réelle. 

On joue à Tucson, Albuquerque, 2 fois à Denver, on joue sur scène au Missouri, Kansas City, au Minnesota, à Bloomington où Stephen Stills et Keith Richards, se chicanent dans un hôtel et se menacent du couteau. Intoxiqués bien entendu. 

À Chicago, on passes la nuit à la Playboy Mansion.

Les Rolling Stones sont royautés. On offre ensuite 4 spectacles à Forth Worth, au Texas. On joue à Nashville, au Tennessee, à Mobile, Tuscaloosa, en Alabama. On fait une pause studio pour enregistrer une chanson qui ne sera terminée et publique qu'en 2021. À la fête nationale des États-Unis on joue justement à D.C. au RFK Stadium. On joue à Knoxville, St-Louis, Charlotte, en Caroline du Nord. Akron, en Ohio, Indianapolis, Detroit à Toronto. Dans cette ville ennuyeuse le soir (c'est pas moi qui le dit, c'est eux) Bobby Keys prends les pages jaunes et appelle un service d'escortes afin de se commander des filles de joie prétendant qu'ils sont des hommes d'affaires. Les jeunes femmes resteront surprises d'y trouver l'équipe des Rolling Stones. Et tout le monde a du plaisir parce que les Femmes du Canada savent s'amuser et sont splendides. 

Et ce soir là, sont aussi candides. 

On s'amuse beaucoup, mais on fatigue aussi. 

La portion Nord-Est des concerts sera mouvementée.

Montréal/Boston, c'est toujours mouvementé.