samedi 9 mars 2024

Ventilateurs de Merde Conservatrice À Redlands

Le 2 janvier 1967, les Rolling Stones assistent tous au mariage de Ian Stewart avec Cynthia Gaisford. Dès le lendemain, Bill Wyman annonce à sa femme qu'il la quitte. 6 jours plus tard, elle partira vivre en Afrique du Sud avec leur fils. Bill & Astrid Lundstrom se fréquentent amoureusement, dorénavant. 

Les Stones ont très bien fait en Europe et en Amérique, en 1966, et ont développé d'importants marchés en Italie et en Allemagne, entre autres. Dans la seconde semaine de janvier, on lance un double single dont les deux morceaux seront très populaires. On passe pour la 5ème fois au Ed Sullivan Show, et la production oblige Mick à reformuler le refrain en disant "Let's spend some time together". Les Rolling Stones n'en reviennent pas du conservatisme Étatsunien. Mick se pliera à la demande mais pendant un gros plan sur son visage pendant qu'il change les mots, ne s'empêche aucunement de rouler des yeux de dépit en disant "some time together". Le rétrograde conservatisme ne fera pas bien se positionner Let's Spend The Night Together (qui sera #3 au UK et #1 au Canada) aux États-Unis mais rendra Ruby Tuesday #1. Partout. C'est d'un ridicule consommé car Let's Spend... est une de leur chanson des plus 7 à 77 ans. Écoute facile, presque soul/jazz. Très accessible et aucunement désagréable.

Comme faire l'amour.

Between The Buttons est lancé en janvier. Jones abandonne souvent la guitare pour l'orgue, les marimbas, le dulcimer, le xylophone ou le gazoo. On est rock, pop, un zest de soul, psychédélique et baroque. Keith Richards joue la base de Bill Wyman sur 3 des 12 morceaux. Jack Nitzsche et Ian Stewart se partagent maintenant le piano. Pour la pochette, la photo a été prise à 5h30 du matin, tentant de rendre l'effet de vertige de drogue. Si au début, l'attitude de Brian Jones, qui se sacre complètement du moment et reste extrêmement distant, choque tout le monde présent, on se rend compte qu'effectivement, ça ne peut que rendre la photo plus vraie. Brian est ailleurs par rapport aux autres. La photo reste hantée de la présence de Jones, en plein milieu, comme un gnome égaré. Il s'agit du tout dernier album qui aura Andrew Loog Oldham à la production. Trop agité, il est aussi de plus en plus critiqué par les membres du band toujours insatisfaits du produit fini. Oldham étouffe le son du piano de Stu mais parfois, c'est le corps de la chanson qui en souffre. Ça déplait au band. On fait des apparitions télé et un passage au prestigieux Sunday Night at The London Palladium. Mais on cause la controverse en refusant de tourner avec tous les invités de la soirée dans le carrousel en fin d'émission. Comme des mascottes dans une parade. Clownesque, effectivement. Ça donne des idées de cirques qui fleuriront.

Deux nouveaux couples fleurissent. Mick & Marianne passent du temps en Italie et en France, Bill & Astrid passent du temps en Espagne. Astrid, introduite au reste du band, comprend tout de suite qu'il y a 2 clans. Mick & Keith d'un côté, Brian, Charlie et Bill de l'autre. Ça la frustre de voir Bill encaisser toutes les décisions de ceux qui s'appellent The Glimmer Twins. (les jumeaux lumineaux). Mais Bill s'imposera légèrement davantage.  

En hiver 1967, on commence le travail préléminaire sur l'album suivant. Mick & Keith assistent à l'enregistrement d'A Day In The Life des Beatles et est très impressionné par la richesse de leur travail studio. Il faudra accoter selon eux. Brian s'investit toujours sur la trame sonore du film dans lequel joue Anita Pallenberg

 Le conservatisme Britannique n'est pas complètement étranger au conservatisme Étatsunien. Quand le documentaire A Boy Called Donovan est diffusé à la télévision, c'est un tout premier regard sur le style de vie (de Donovan) de l'univers musical où la drogue semble en filigrane, facilement accessible. Une alliance crasse entre la police de Scotland Yard et le journal News of The World enverra beaucoup de merde dans les ventilateurs de Février. Car oui, les murs en seront pleins. 

Quelques semaines avant, le News of the World avait confondu Mick Jagger et Brian Jones en train de se vanter de prendre de la drogue. Jagger avait publié un message disant que si ils ne se rétractaient pas, il pourrait choisir de les poursuivre en diffamation. Jones s'était effectivement fait voir intoxiqué et en possession de marijuana par des gens du News of The World, ce qui allait irriter le band davantage qu'il ne le faisait déjà de sa personnalité. Ça avait mis la puce à l'oreille de Scotland Yard qui avait approché le journal pour faire une alliance. Dites-nous où et quand, et on ira coincer ces hippies en train de se droguer. The Who, The Moody Blues, Cream, seront aussi ciblés. Donovan s'est fait arrêter en juin 1966, pour possession de cannabis. Les autorités aiguillées par le documentaire.

Un prof d'université, Micheal Hollingshead, faisant des recherches sur les drogues est aussi cible de vastes critiques car il parle publiquement de LSD, de marijuana et présente au Royaume-Uni, Timothy Leary. Scotland Yard veut montrer qu'ils veillent au grain de cette jeunesse "malsaine". 

 Le 11 février, Keith reçoit des "amis" pour prétendument faire essayer à Mick pour la première fois, de l'acide. 

David Schneiderman, sous un pseudonyme, est le roi de l'acide. Il sera fournisseur et probable complice de News of the World/Scotland Yard. Il fournit l'acide à tous et Mick en est malade, de jour. Aussi sur place, le collecteur d'art Robert Fraser, l'antiquaire Christopher Gibbs, le photographe Micheal Cooper, Marianne Faithfull, l'acteur Dennis Hopper, l'auteur William S. Burroughs, le cinéaste Kenneth Anger. Le party est une sorte de mélange de gens traditionnels et de monde alternatif. George Harrison et Pattie Boyd se pointent, mais ne restent pas longtemps. Tony Bramwell, un travailleur de tournée des Beatles y est aussi. 

18 constables, dont 2 femmes, se pointent dans ce qui est maintenant le 12 février.Keith est sous l'effet de l'acide et prend le tout très à la légère. La police demande de fermer la musique qui joue, mais au contraire, on met Rainy Day Women #12 & 25 de Bob Dylan et on chante le refrain "Everybody must get stoned" en s'amusant. Mariane Faithfull sortait de la douche ou du bain, elle doit donc se couvrir d'une fourrure. Elle sera facile à fouiller pour les deux femmes polices. On trouve sur place des feuilles de cannabis, des amphétamines que Jagger dira siennes mais qui sont probablement à Marianne. De l'héroïne sur Fraser. Personne ne sera arrêté tout de suite, mais on sera sommé de se présenter devant un juge. Dans le rapport on parle de barre de savon puisque Faithfull était dans la salle de bain, et le téléphone arabe transforme tout ça en "orgie où Marianne était nue et Mick mangeait une barre mars à même son vagin."

Ces fantasmes de vieux monsieur...misère...

On soupçonne le chauffeur de Mick & Marianne d'avoir été taupe. Mais le roi de l'acide a disparu assez vite et était même en Californie dès le lendemain. Un invité avait aussi un frère dans la police métropolitaine. On a su qu'Harrison y était et on a attendu qu'il parte afin d'arrêter précisément les méchants garçons, pas les plus familiaux et aimés Beatles. 

Jagger, Fraser et Richards seront inculpés. Andrew Loog Oldham, gérant du band, aurait dû prendre les choses en main, mais au contraire, il fuit aux États-Unis pour les trois prochaines mois. La journal jaunit tout ça de son urine de pissou en titrant "Naked girl at Stone's Party". Le band au complet fuit l'attention et se réfugie au Europe. Au début, on mesure le tout et on ne nomme pas les gens inculpés. À leur retour, on nommera Jagger & Richards pour leurs dates d'audiences. Jagger, plutôt immature, déteste encore plus Brian Jones qu'il vise directement d'avoir démarré tout ça. 

L'exil des Stones n'est pas de tout repos. En France on se fait arrêter en tentant de quitter l'hôtel, sans payer. Brian développe des problèmes pulmonaires qui le font tousser lourdement. Il semble dépérir à vue d'oeil. De passage en Espagne, leur carte de crédit est refusée pour payer le restaurant et la police doit aussi s'en mêler. À Tanger, au Maroc, Anita Pallenberg quitte Brian Jones. Elle le quitte pour Keith. 3 papillons sur la même roue. Un seul écrasé au sol quand celle-ci roule.

On plaide non coupable et on veut un jury. Mais ça ne sera pas le cas. On veut faire un exemple. Jagger est reconnu coupable de possession d'amphétamines (4), doit payer 200 Livres Sterling et passer trois mois en prison. Keith écope de 500 Livres Sterling d'amende et d'un an de prison. Fraser écope d'un an aussi. Ils sont tous en prison mais relâchés jusqu'à l'appel. Les sentences sont très mal reçues par l'opinion publique. Moins conservatrice qu'anticipée. Le milieu artistique, l'auteur Graham Greene, le photographe David Bailey, le versatile Jonathan Miller, les Beatles, The Who se montrent publiquement tous contre les sentences. 

En appel la sentence de Keith est 100% renversée. Celle de Jagger amendée sous condition, du harcèlement inutile, celle de Fraser réduite à 6 mois de détention. 6 mois plus tard, les Stones enregistreront une nouvelle chanson pour remercier ceux et celles qui l'avaient soutenu. Un clip est tourné et la référence est double, à ce qu'ils ont subi en cours et en imitant le procès tenu à Oscar Wilde, avec Marianne Faithfull, en vedette. Lennon, McCartney, sont dans les voix du single.

Les vents conservateurs croisent une ère psychédélique que The Byrds entretient avant d'être détourné country.

Le jour où Mick & Keith sont relâchés, Brian Jones est arrêté à son tour. Pour possession. Mais tout de suite relâché lorsqu'on paie pour sa sortie de prison. On célèbre en faisant une fête entre amis, mais Marianne, cloche, apporte du hashish. L'hôte de la soirée la traite d'idiote et fait disparaître dans la toilette. 

On devient petit à petit, habile en bordélisme.

La sessions studio bordélique de l'album prochain promettent le bordel.  

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