Vicieux.
Les Rolling Stones produiront leur tout premier album seuls. Et ce sera relativement désordonné. Chaotique. Chaque membre, se pointe en studio avec plusieurs amis et ça interfère toujours avec les enregistrements. Ça irrite Bill & Charlie, plus disciplinés et matures. Ronnie Lane et Steve Marriott des Small Faces participeront à l'album. Marianne Faithfull fera aussi des voix. John Paul Jones, bassiste de Led Zeppelin, mais aussi producteur aguerri qui les aiguille un peu sur ce qu'ils font, y fera les arrangements de cordes d'un très joli morceau.
Bill Wyman et Charlie Watts sont les plus réguliers en studio, avec toutes les apparitions en cour des trois autres, ce qui inspire Bill a écrire un morceau qui sera même le premier single. Un morceau psychédélique. Pour se moquer de lui, Mick & Keith l'enregistre en train de ronfler en studio, quand Bill s'endort, et ils collent son ronflement à la fin du morceau. Cruel à nouveau. Jagger ne sera pas très fier de ce qu'ils ont fait. Keith non plus, ayant le sentiment d'avoir copié les Beatles et de se présenter comme les petits frères rebelles des Fab Four. Brian sera très créatif ajoutant un zest d'exotisme sur pratiquement tous les morceaux avec des instruments toujours différents. Le mellotron, le saxophone, le xylophone, la harpe juive, la flute, l'orgue, le dulcimer électrique, la flute à bec, la harpe en plus de faire des voix. Mais il ajoute quand les autres ont pratiquement tout fait. Il est presque devenu uniquement arrangeur. On le méprise toujours et vice-versa.La pochette sera de Micheal Cooper, avec un effet 3D hollograme quand on bouge le dessus. Ça ressemble beaucoup à ce que les Beatles ont fait. On y place des éléments mystiques, psychédéliques, astrologiques, on y représente les 4 éléments, l'eau, l'air, le feu, la terre. Si les Beatles avaient fait porter un gilet de laine à Shirley Temple qui disait Welcome The Rolling Stones sur la pochette de Sgt Pepper's Lonely Heart Club Band, les Stone rendent la politesse en incorporant les visages de 4 Beatles. Clin d'oeil qui rend presqu'acceptable leur effort studio qui semble du même moule que celui des Beatles, mais qui ne fera plaisir à personne.In Another Land fait tout juste le top 100 aux États-Unis et on trouve original. Le second single est lancé à Noël, (l'album le 8 décembre), et fera mieux, atteignant la 25ème position en Amérique. Et est moins rock et plutôt joli, je l'ai déjà dit, je ne serai pas seul à le faire. On n'y reconnait pas l'ADN des Stones habituel. Nicky Hopkins y joue du piano. Certains morceaux non retenus ont gardé cet esprit de Noël.
L'album atteindra la position #3 au Royaume-Uni et #2 en Amérique du Nord. Il s'agit d'une cassette que j'écouterai beaucoup à l'école secondaire et le premier album de ce que je considère de 7 albums studios de suite qui sont des sans fautes (personnellement) pour mes oreilles.
L'album fait naitre une certain dédain. Ne sont ils pas capables de faire des choses d'eux-mêmes ? ils ont même copié la reprise d'un morceau (l'air de The Lantern) comme on le faisait sur Sgt Peppers avec la pièce titre. Comme l'album sortira en décembre on l'appelle longtemps Cosmic Christmas. On entend encore une version ralentie de We Wish You a Merry Christmas dans le coda de dernière chanson de la face A, Sing This All Together (See What Happens?). (vers 7:54)L'abandon commun de Brian Jones est total pour le band. Keith s'investi beaucoup amoureusement avec Anita Pallenberg ce qui ne favorise aucun rapprochement avec Jones. Quand Jones passe une nuit en prison en octobre pour sa condamnation pour posession de cannabis, tout juste avant qu'on paie sa caution, Mick & Keith sont en direction de New York pour superviser le mix de l'album.Richards dira que cet album "is a load of crap". Se ravisera avec le temps. Il est moins rock. Plus pop. Plus psychédélique. Peut-être que le psychédélisme ne fait pas si naturel pour les amateurs de blues et de rock. Considéré comme du sous Sgt Peppers, l'album ne sera pas tant aimé ni par les Rolling Stones qui se sentent sortir de leur sentier naturel, mais par fans et critiques aussi. Avec le temps, l'album et son intérêt sera réhabilité légèrement, mais dans le catalogue des Stones, cet album est encore considéré comme une légère déviation de leur son. Une déroute.Ce qui n'est pas inintéressant pour autant. Punky psychédélique. Pour moi, c'est toujours 1/7 dans les albums qui valent vraiment la peine d'être entendu du band. Jagger parle d'une expérience sonore davantage que d'un album comprenant de bonne chansons. L'album reste une superbe capture de 1967, une époque que je ne connaitrai jamais mais qui me la donne en sons. Les Stones sont à lécoute de leur époque.
On présente une défense en cour comme quoi Brian Jones serait suicidaire. Sa peine d'un an pour possession de cannabis est changée en amende, à 3 ans de probation, sous conditions de se faire traiter médicalement. Le lendemain, Jones est retrouvé inconscient suite à l'ingestion de drogues et d'alcool. Il est conduit à l'hôpital par son chauffeur.
Personne ne vient le voir.
Avant Noël, on passe à Top of The Pops.
À Noël, Mick & Marianne sont au Bahamas. Keith & Anita au Maroc. Brian au Sri Lanka. Bill & Astrid en Suède dans la famille Lundstrom.
Charlie, discret avec son épouse.
Faudra revenir au blues.
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