samedi 30 mars 2024

Cirque Rock'n Roll

En octobre 1968, les Rolling Stones se sont achetés un entrepôt-studio pour y pratiquer leurs morceaux. Après un an sans tournée, il est plus qu'important de jouer unifiés. On pratiquera très souvent. D'autant plus que leurs frères cosmiques, les Beatles sont en train de simplement se séparer. Ringo quitte mais est convaincu de revenir. John quitte mais est convaincu de revenir avant que Paul n'annonce un matin d'avril 1970 à un journaliste, épuisé mentalement, en sortant ses vidanges, que le Fab Four, c'est en fait terminé depuis septembre 1969. Pour les Beatles, dès le voyage en Inde, la mort de leur gérant, l'arrivée de Yoko Ono dans le couple Cynthia/John, on peut sentir la fin d'un band uni. Les Rolling Stones, malgré Brian, veulent enfin se distinguer d'eux et montrer le front le plus uni possible. 

Ce qui occupe les Stones, en décembre 1968, c'est la sortie de leur nouvel album Beggar's Banquet. Et pour en faire la promotion autrement que par une épuisante tournée où on ne saura pas quoi faire de Brian Jones, Mick, en partenariat créatif avec le réalisateur  Micheal Lindsay-Hogg, pense à tourner un concept de spectacle de cirque, qu'on vendrait ensuite aux télévisions, et qui présenterait leur nouvel album. Ainsi que quelques invités jugés pertinents. On pratique au nouvel entrepôt de pratique, mais pas beaucoup. Le 11 décembre, alors que l'album est lancé depuis 5 jours, on choisit de tourner à partir de 14h.

On pense d'abord tourner avec les Stones, The Who & The Small Faces. On tournera dans un studio de Wembley devant un public, soigneusement sélectionné. On révise quand The Small Faces ne peut pas être disponible. L'alignement final sera Jethro Tull, Taj Mahal, Marianne Faithfull, John Lennon & Yoko, Mitch Mitchell du Jimi Hendrix Experience, Eric Clapton, Ivry Gillis, Julius Katchen et finalement les Stones.  Un homme fort, un cracheur de feu, 2 nains, une assistante seront aussi du spectacle.

Brian Jones appelle Lindsay-Hogg la veille et lui dit qu'il n'y sera pas, qu'il déteste les Rolling Stones. On le convainc de se présenter. Ce sera la dernière présence publique de Jones avec le band qu'il avait fondé avec Ian Stewart. C'est toutefois Nicky Hopkins qui fait les parts de piano. Et ce sera la première fois qu'Hopkins sera sur scène dans l'arène avec les Stones devant public. Et non Stewart. 

Deux nains et un homme fort paradent sur l'introduction.

On commence avec Mick présentant Jethro Tull qui fera du lip synch sur Song for Jeffrey. Ce sera l'unique fois que Tommy Iommy, de Black Sabbath sera vu aux côtés de Ian Anderson, à la guitare (qu'il fait semblant de jouer). Iommi fera bien un autre spectacle avec Jethro Tull, mais Iommy revient à son band appelé alors Earth, précurseur de Black Sabbath. L'ironie veut que ce soit en fait Mick Abrahams qui joue la guitare du morceau que Iommi fait semblant de jouer, et aucune image de Jethro Tull n'existe avec Abrahams, guitariste original du band. On enregistre aussi Fat Man, autre chanson du band, mais c'est coupé au montage. On peut y voir Anderson tenter maladroitement de jouer de sa flûte sur une jambe, pour la première fois, comme il le fera si bien dans le futur. 

Ian Anderson parle un peu avec Brian Jones et est surpris de voir qu'il ne sait rien de ce qui se passera ce jour-là. Qu'il semble tout aussi invité qu'eux. Il remarque aussi que Jones est si égaré qu'il n'arrive pas à accorder sa propre guitare. 

Le numéro de Jethro Tull est suivi de Keith présentant The Who. Qui seront fantastiques en jouant A Quick One While He's Away. Keith Moon est déchainé à la batterie. Le band sort d'une tournée est est encore sur son rythme. Tout le monde joue avec entrain. Le groupe ne joue qu'une seule chanson, mais le fait si bien que les Stones en resteront gênés. Il auront l'impression d'avoir invité meilleurs qu'eux. 

Taj Mahal enchaine et il est tout aussi électrifiant. Il performe 4 morceaux, un seul sera retenu au montage final. C'est Charlie Watts qui présente l'artiste suivante: la belle Marianne Faithfull qui chantera une ballade produite par Mick Jagger et dont les arrangements sont de Jack Nitzsche. Elle lancera le morceau en single avec en face B, un morceau dont elle vient de co-écrire les paroles avec Mick, Sister Morphine. Keith annonce un cracheur de feu qui fait un petit numéro par la suite.

Brian Jones présente une numéro de piano de Julius Katchen. Katchen jouera aussi Mozart.   

Mick Jagger et John Lennon, ce dernier se présentant comme étant Doctor Winston O'Boogie, déconnent ensemble et présentent le band d'un soir, The Dirty Mac (Clin d'oeil à l'ami Fleetwood) qui aura John à la guitare et à la voix, Yoko Ono, à la voix, Ivry Gillis au violon, Eric Clapton à la guitare aussi, Mitch Mitchell à la batterie et Keith Richards à la basse. On pratique Revolution. On fait un jam de réchauffement. On enregistre Yer Blues deux fois. C'est extrêmement long et épuisant. Les éclairages, les positions de caméras, les prises de sons, rien n'est plus lent qu'un tournage sur pellicule. Ivry Gillis joue du violon et Yoko Ono s'époumonne en miaulant au micro. C'est assez insupportable. On a plus que hâte de voir et entendre les Rolling Stones.

Mais voilà, il est passé minuit et tout le monde est crevé. Sauf Mick qui semble increvable. Et c'est lui du band, qui a Nicky Hopkins au piano, qui paraitra le mieux. Les Stones jouent Jumpin' Jack Flash, Parachute Woman, No Expectations, You Can't Always Get What You Want et Salt of The Earth. Deux de celles-là ne sont pas de l'album Beggars Banquet. Il est passé 5 heures du matin le 12 décembre quand la dernière chanson est entamée. Tout ça semble futile. On est si déçu qu'on repousse l'idée de tenter de vendre la chose. On l'abandonne, même. 

Ce ne sera qu'en 1992, que Micheal Lindsay-Hogg, ayant alors 52 ans, est mis au courant qu'on a retrouvé dans les voûtes de la formation The Who, les bandes originales du film. Lindsay-Hogg en fera le montage avec l'accord du band. Un disque en sera aussi fait. Tout ça lancé en 1996. 

Mais en décembre 1968, on est pas content du résultat final et seul The Who, dans son propre documentaire, 11 ans plus tard, en diffusera quelques images. 

Ce qu'on abandonne aussi, c'est Brian Jones. On avait tourné une version de Sympathy for the Devil où Brian est à la guitare. Les Stones ne se sentaient pas à la hauteur ce jour-là. Il fallait davantage recentrer.

Mick, Keith, Marianne & Anita partent trois semaines en vacances des fêtes, au Pérou et au Brésil.

Brian Jones et Suki Poitier seront au Sri Lanka. Ils en reviendront séparés.

Jones est sur le point de vivre une autre séparation. 

samedi 23 mars 2024

Second Souffle/ Dernier Souffle

En mars 1967, non seulement Brian Jones est si malade au Maroc qu'il doit en être hospitalisé, mais il est même transféré en milieu hospitalier, en Angleterre, pour d'autres traitements sur ses faibles poumons. Aucune personne ne vient le visiter, ni de sa famille, ni des Rolling Stones. Pire, Keith part en Espagne avec Anita Pallenberg, la toute récente amoureuse de Jones, Brian ne peut pas être plus dérobé de tout.

De son band, dans sa vie personnelle,  par sa famille avec laquelle il n'a presque plus de contact.

Lorsque deux mois plus tard il est en studio avec les Beatles, ça ne semble pas anormal qu'il y soit sans un autre Rolling Stones à ses côtés. Pour Paul McCartney, c'est une surprise qu'il soit en studio avec un saxophone. On lui en fera jouer sur le morceau que les Fab Four travaillent. Lennon constate qu'il semble l'homme le plus seul au monde. Lennon connait bien la solitude. Ça l'ébranle un peu.

En Juin, Brian, Mick & Keith sont en studio et dans les voix de la chanson de John Lennon, une chanson si naïvement John Lennon, composée et interprétée pour l'émission de télévision Our World, la candide et merveilleuse All You Need Is Love.

Au mois d'août, Ron Wood est pour la première fois pleinement introduit à Jagger & Richards. Mick s'est pris d'affection pour une ancienne Ikette de Ike & Tina Turner, P.P.Arnold et l'encourage à se partir une carrière solo. Elle est en couple avec Steve Marriott des Small Faces et sur un morceau que Jagger produira, Rod Stewart y chante aussi, Ron Wood est à la base et Keith Richards se glisse à la guitare. 

Dans le même mois, Mick & Marianne, ainsi que les 4 Beatles assistent à une conférence du Maharishi Mahesh Yogi, sur la méditation transcendentale, à Bangor, Wells. Ce qui aurait probablement pu intéresser davantage Brian. Mais celui-là est si égaré et 1967, passe tant devant les tribunaux, manque tant de sessions studios, on ne le compte plus dans le band et il ne travaille sur les morceaux qu'après que tout le monde ne l'ai fait. Et on retient peu de ce qu'il fera. Pas mal tout le monde est désorienté et c'est un peu pour ça qu'on cherche du guide. D'autant plus qu'on a coupé les liens de gérance avec Andrew Loog Oldham. La section rythmique semble aussi ailleurs. Charlie & Shirley se sont acheté une maison dans l'East Sussex et Bill Wyman a joué l'invité sur un morceau de John Hammond Jr. En plus de faire plusieurs enregistrements seuls quand tout le monde était en cour. 

En janvier 1968, Mick a à son tour acheté un appartement à Chester Square. Keith récupère en France de l'hépatite qu'il a contracté au Maroc. Des disques de Blues qui n'étaient pas disponibles au début des années 60, en Angleterre, le sont en janvier 1968. Après 3-4 ans de tournées et de studio, Keith s'investit dans le redécouverte de morceaux de Blind Willie McTell ou Franck McDowell. Brian participe au Vibraslap en intro de la version de son nouvel ami Jimi Hendrix qu'il fait d'un morceau de Bob Dylan. Hendrix, par contacts de gérance, a souvent accès au matériel de Dylan avant qu'il ne sorte et par trois fois s'y intéressera tant qu'il en fera des versions personnelles. En fait il pense longtemps faire I Dreamed I Saw St Augustine, mais changera d'avis pour All Along The Watchtower, au final. 

Jagger a des rages d'achats de livres. Et de logements. Il a acheté un chalet en campagne et un appartement à Chelsea. Il veut aussi revenir au son blues rock des Stones et veut engager un nouveau producteur des États-Unis afin de retrouver le son qui les as rendus si populaires. Glyn Johns, propose au contraire le gentil Jimmy Miller qui vient de produire le premier album de Traffic. Johns le présente comme non pas un drogué de Los Angeles mais un solide travailleur. Il est aussi batteur. Ce n'est qu'une question de temps pour Miller avant que la drogue ne le gagne, mais l'Anglais est engagé. Mick participe aussi à une première manifestation publique contre la Guerre du Vietnam, à Londres. Ça l'inspirera pour le premier single de l'album à venir

En mars et avril, on enregistre 4 morceaux pour le nouvel album, Bill a composé pratiquement tout seul un de ces morceaux et quand son nom n'est pas au menu des auteurs, il commence à souffrir de crises d'anxiété. Brian manque presque toutes les sessions d'enregistrements. Mais revient seul en studio pour y faire des ajours à la sitar ou pour créer de fascinants sons de distorsions. Keith révise toujours par la suite. Charlie, sur le premier single, joue sur un kit de batterie des années 30. Keith rejouera la base de Street Fighting Man, ce qui n'aide en rien l'anxiété de Wyman. Torturé par Richards. Shirley et Charlie Watts deviennent parents d'une fille

Quand The Byrds est en tournée en Europe, Gram Parsons (avec Roger McGuinn) termine sa soirée chez Mick et se noue d'amitié avec Keith, dont l'ancienne amoureuse Linda Keith a été retrouvé inconsciente chez Brian Jones. Ce dernier, toujours à l'écart de son band, se rend au party de lancement du dernier film de Roman Polanski. Un chef d'oeuvre de film. Ringo Starr s'y trouvera aussi. En mai, tous les Stones et leurs copines, Marianne, Suki, Anita, Astrid & Shirley assistent à la première anglaise de 2001; A Space Odyssey. Un morceau qui sera non retenu pour l'album mais lancé en Face B est composé peu de temps après. 

Mick se rappelle le dernier vrai investissement musical de Brian, qui semblait désintéressé par tout, quand tout le monde est assis en rond et qu'il joue de sa slide guitar. Jones se fait à nouveau arrêter pour possession de cannabis. Ce qui semble si ridicule de nos jours. Mick écrit un morceau inspiré de ce qu'il lit, il lit beaucoup à cette époque, et veut ce morceau un peu Dylanesque. Mick croit beaucoup au morceau qu'il impose au reste du band. Un morceau dont il est fier des références historiques et des propos tenus dans les paroles. Keith propose un rythme hypnotique et croisé entre le funk et la samba. Un groove constant où on pourra ajouter un leitmotiv vocal à mi-parcours qui impliquera tout le monde au micro, producteur et amoureuses aussi, même Brian Jones qui semble inutile comme l'a capturé en images Jean-Luc Godard qui voulait tourner un film impliquant les Beatles ou les Rolling Stones. Comme les Beatles sont très occupés en 1968 et plutôt écartés l'un de l'autre, ce seront les Stones. Et le film de Godard montre l'évolution du morceau et l'enregistrement de celui-ci. Sympathy For The Devil sera si marquante que notre cinéma d'ici l'honorera de brillante façon dans un brillant film de chez nous. Richards y brille à la base sur ce morceau.

Bill Wyman produit en parallèle pour un album de The End. C'est avec eux, et à l'écoute du studio voisin, qu'il entend pour la première fois ce qui sera le premier album de Led Zeppelin. Il a confiance au son plus rock des Stones si c'est ce qui se dessine au niveau sonore. Il est aussi en cour avec son ancienne femme pour la garde de leur fils. Situation qui nourrit pleinement son anxiété. 

Pendant le mix de l'album, à Los Angeles, Mick assiste à un spectacle de The Doors et mange avec le band au restaurant après le show. Pendant ce temps, Keith assiste, en Angleterre, à un spectacle des Byrds au Royal Albert Hall de Londres, et Parsons quitte le band pour fonder les Flying Burritos Brothers et commence à se tenir dans l'entourage de Richards. Taj Mahal traine aussi dans l'entourage. 

Jumpin' Jack Flash, single lancé en mai, devient #1 en Australie, Nouvelle-Zélande, Angleterre, États-Unis, en Allemagne et aux Pays Bas. #5 au Canada. Mais le morceau ne sera pas de l'album lancé en décembre. 

Pendant l'été Wyman achète lui aussi à Suffolk et Brian jones enregistre les Masters Musicians of Joujouka, à Marrakesh, au Maroc. L'album des Stones devait sortir l'été mais une mésentente pour la pochette avec la maison de disque Decca retardera la sortie. J'aurai, en cassette, la pochette originale de la salle de bain pleine de graffitis, refusée par Decca. La surécouterai au secondaire. Parsons s'installe à Redlands, chez Keith Richards. Brian Jones achète à son tour l'ancienne maison de l'auteur de Winnie L'Ourson, A.A.Milne. 

À l'automne, Mick tourne avec Anita Pallenberg dans le film de Donald Cammel et Nicolas Roeg, Performance. Ils ont des liaisons au lit ensemble. Keith pendant ce temps, commence à devenir régulier de l'héroïne. Le calme Charlie se choquera contre Mick pour cette trahison sentimentale. Mick lui en tiendra respect pour toujours. Watts produit un album pour The People Band. Marianne Faithfull tombe enceinte de Mick et ça devient public. Mais souffre d'une fausse couche dès le mois d'octobre. Jagger enregistre pour une trame sonore en référence à un court métrage de Kenneth Anger pour chasser le chagrin. 

Brian Jones achète une ferme dans le Sussex. Keith travaille une ballade mélancolique

Le 6 décembre 1968, un compromis est entendu avec Decca, l'album sortira sous la forme d'une couverture blanche qui suggère une invitation à un banquet. Avec le R.S.V.P, au bas. Mais toutes les nouvelles copies, au travers des années suivantes, auront la pochette originale. 

 L'album restera moins longtemps sur les palmarès, n'atteignant jamais le #1 des ventes nulle part dans le monde, mais tout le monde est unanime, les Stones ont retrouvé leur côté rock primal qui fait écho à l'année trouble et au chaos que fût 1968 un peu partout dans le monde. Le premier single parle du batailleur de la rue. Le second, lancé le même jour que l'album est à la fois hanté, politique et enlevant. La chanson sera #1 en Angleterre. Jamais mieux que 10ème au Canada et aux Pays Bas. 3ème au Portugal. 5ème en Espagne sinon jamais dans le top 10.

Les Stones secouent encore les rangs. Si pas tant il ne vend, le succès critique est majoritaire. Les Beatles lancent cette année-là un album double qui semble composé par 4 individus séparés. Isolés les uns des autres. Les Stones offrent du collectif. Seul Jones est en marge. Même si Keith et Mick trouvent Brian Jones bien inutile il joue sur 8 des 10 morceaux, de la sitar et du tanpura sur Street Fighting Man, de la slide sur No Expectations, de l'harmonica sur Parachute Woman, Dear Doctor et Prodigal Son, de la guitare acoustique (coupée au montage final) voix et maracas sur Sympathy For The Devil et du melotron sur Jigsaw Puzzle et Stray Cat Blues
Les Stones reprennent de leur souffle. 

Brian en est à ses derniers.  

Ailleurs ça sent la fin, chez les demis-frères Beatles. 
Mais Lennon reste près des Stones. 

Les 13 prochains mois seront bouleversants. 

Pas simplement au niveau musical.   

La fin d'une certaine innocence se prépare. 

samedi 16 mars 2024

Déroutants Dédains

En 1966, le conservatisme généralisé a presque banni les Beatles de l'espace public. John Lennon, de passage aux États-Unis, commentant la folie autour des Beatles dit que c'est si fou que les Beatles semblent plus populaire que Jésus Christ. L'ignorance commune fait comprendre qu'il se croit supérieur à Jésus Christ (ce personnage de fiction) et on organise des rassemblement anti-Beatles, on brise leurs disques publiquement, on menace la sécurité de prochaines spectacles. Les Beatles en profiterons pour cesser d'en faire. Et pour se concentrer, en studio.

Ce qu'ils feront de manière magistrale avec Revolver, lancé en août 1966, mais encore plus avec leur 8ème album, l'album concept Sgt Pepper's Lonely Heart Club Band, lancé en juin 1967. Ce chef d'oeuvre révolutionne à tous les niveaux. Le concept d'ouvrir avec une chanson et de fermer avec la même interprétée différemment. Les 4 artistes composant le band chantant au moins une chanson. L'utilisation de la sitar comme instrument principal durant toute une chanson. L'imagerie psychédélique joignant le son. Les textes assez peu subtils faisant allusion à la drogue et aux voyages que sa consommation impose. Le mysticisme autour d'une prétendue mort de Paul McCartney avec des indices ici et là. La conception de la pochette, maintes fois imité par la suite. La production parfaite de deux morceaux à moitié travaillés qui feront un chef d'oeuvre au final. L'album est considéré comme un des meilleurs jamais faits et les Beatles deviennent un tel phare pour l'industrie que Brian Wilson, moteur créatif des Beach Boys, aidé de trop fortes consommation de drogues, ne s'en remettra jamais, choisissant de pratiquement se retirer entièrement de l'industrie. Du moins, commençant une dépression qui le convainc qu'il ne sera jamais aussi bon qu'eux.

Mick & Keith avaient été témoin de l'enregistrement d'A Day in The Life et savaient que quelque chose d'immense se préparait. On travaille le prochain effort studio depuis janvier.  On prend volontairement plus de temps, le temps d'étudier le flot des eaux, mais aussi parce qu'à partir de mars, les problèmes juridiques se sont pointés et il fallait faire face aux juges. Andrew Loog Oldham a fui en poule mouillée. On s'entendra à l'amiable pour qu'il ne soit plus le gérant des Rolling Stones en septembre. Oldham ne supportant plus que Keith arrive avec 10 membres de son entourage, Jones & Jagger, au moins 6 chacun, en studio de toute manière. Pour faire patienter les fans, on lance en juillet une compilation des derniers morceaux offerts de morceaux offerts seulement en Europe ou de morceaux jamais offerts nulle part. Avec des messages subliminaux sur la pochette. (J'écouterai beaucoup cet album en cassette, jeune ado).

Vous remarquerez que la fleur de Brian Jones, n'a aucune feuille sur sa tige. C'est l'apport que considère Mick & Keith, que Jones apporte au band selon eux. La tige de la fleur de Bill Wyman contient une minuscule feuille. Comme l'autorité qu'il impose dans le groupe. Charlie, Mick & Keith auront tous 2 feuilles. 
Vicieux.

Les Rolling Stones produiront leur tout premier album seuls. Et ce sera relativement désordonné. Chaotique. Chaque membre, se pointe en studio avec plusieurs amis et ça interfère toujours avec les enregistrements. Ça irrite Bill & Charlie, plus disciplinés et matures. Ronnie Lane et Steve Marriott des Small Faces participeront à l'album. Marianne Faithfull fera aussi des voix. John Paul Jones, bassiste de Led Zeppelin, mais aussi producteur aguerri qui les aiguille un peu sur ce qu'ils font, y fera les arrangements de cordes d'un très joli morceau.  

Bill Wyman et Charlie Watts sont les plus réguliers en studio, avec toutes les apparitions en cour des trois autres, ce qui inspire Bill a écrire un morceau qui sera même le premier single. Un morceau psychédélique. Pour se moquer de lui, Mick & Keith l'enregistre en train de ronfler en studio, quand Bill s'endort, et ils collent son ronflement à la fin du morceau. Cruel à nouveau. Jagger ne sera pas très fier de ce qu'ils ont fait. Keith non plus, ayant le sentiment d'avoir copié les Beatles et de se présenter comme les petits frères rebelles des Fab Four. Brian sera très créatif ajoutant un zest d'exotisme sur pratiquement tous les morceaux avec des instruments toujours différents. Le mellotron, le saxophone, le xylophone, la harpe juive, la flute, l'orgue, le dulcimer électrique, la flute à bec, la harpe en plus de faire des voix. Mais il ajoute quand les autres ont pratiquement tout fait. Il est presque devenu uniquement arrangeur. On le méprise toujours et vice-versa.

La pochette sera de Micheal Cooper, avec un effet 3D hollograme quand on bouge le dessus. Ça ressemble beaucoup à ce que les Beatles ont fait. On y place des éléments mystiques, psychédéliques, astrologiques, on y représente les 4 éléments, l'eau, l'air, le feu, la terre. Si les Beatles avaient fait porter un gilet de laine à Shirley Temple qui disait Welcome The Rolling Stones sur la pochette de Sgt Pepper's Lonely Heart Club Band, les Stone rendent la politesse en incorporant les visages de 4 Beatles. Clin d'oeil qui rend presqu'acceptable leur effort studio qui semble du même moule que celui des Beatles, mais qui ne fera plaisir à personne. 

In Another Land fait tout juste le top 100 aux États-Unis et on trouve original. Le second single est lancé à Noël, (l'album le 8 décembre), et fera mieux, atteignant la 25ème position en Amérique. Et est moins rock et plutôt joli, je l'ai déjà dit, je ne serai pas seul à le faire. On n'y reconnait pas l'ADN des Stones habituel. Nicky Hopkins y joue du piano. Certains morceaux non retenus ont gardé cet esprit de Noël.

L'album atteindra la position #3 au Royaume-Uni et #2 en Amérique du Nord. Il s'agit d'une cassette que j'écouterai beaucoup à l'école secondaire et le premier album de ce que je considère de 7 albums studios de suite qui sont des sans fautes (personnellement) pour mes oreilles. 

L'album fait naitre une certain dédain. Ne sont ils pas capables de faire des choses d'eux-mêmes ? ils ont même copié la reprise d'un morceau (l'air de The Lantern) comme on le faisait sur Sgt Peppers avec la pièce titre. Comme l'album sortira en décembre on l'appelle longtemps Cosmic Christmas. On entend encore une version ralentie de We Wish You a Merry Christmas dans le coda de dernière chanson de la face A, Sing This All Together (See  What Happens?). (vers 7:54)

L'abandon commun de Brian Jones est total pour le band. Keith s'investi beaucoup amoureusement avec Anita Pallenberg ce qui ne favorise aucun rapprochement avec Jones. Quand Jones passe une nuit en prison en octobre pour sa condamnation pour posession de cannabis, tout juste avant qu'on paie sa caution, Mick & Keith sont en direction de New York pour superviser le mix de l'album.

Richards dira que cet album "is a load of crap". Se ravisera avec le temps. Il est moins rock. Plus pop. Plus psychédélique. Peut-être que le psychédélisme ne fait pas si naturel pour les amateurs de blues et de rock. Considéré comme du sous Sgt Peppers, l'album ne sera pas tant aimé ni par les Rolling Stones qui se sentent sortir de leur sentier naturel, mais par fans et critiques aussi. Avec le temps, l'album et son intérêt sera réhabilité légèrement, mais dans le catalogue des Stones, cet album est encore considéré comme une légère déviation de leur son. Une déroute.

Ce qui n'est pas inintéressant pour autant. Punky psychédélique. Pour moi, c'est toujours 1/7 dans les albums qui valent vraiment la peine d'être entendu du band. Jagger parle d'une expérience sonore davantage que d'un album comprenant de bonne chansons. L'album reste une superbe capture de 1967, une époque que je ne connaitrai jamais mais qui me la donne en sons. Les Stones sont à lécoute de leur époque.

 On présente une défense en cour comme quoi Brian Jones serait suicidaire. Sa peine d'un an pour possession de cannabis est changée en amende, à 3 ans de probation, sous conditions de se faire traiter médicalement. Le lendemain, Jones est retrouvé inconscient suite à l'ingestion de drogues et d'alcool. Il est conduit à l'hôpital par son chauffeur. 

Personne ne vient le voir. 

Avant Noël, on passe à Top of The Pops

À Noël, Mick & Marianne sont au Bahamas. Keith & Anita au Maroc. Brian au Sri Lanka. Bill & Astrid en Suède dans la famille Lundstrom. 

Charlie, discret avec son épouse. 

Faudra revenir au blues.

samedi 9 mars 2024

Ventilateurs de Merde Conservatrice À Redlands

Le 2 janvier 1967, les Rolling Stones assistent tous au mariage de Ian Stewart avec Cynthia Gaisford. Dès le lendemain, Bill Wyman annonce à sa femme qu'il la quitte. 6 jours plus tard, elle partira vivre en Afrique du Sud avec leur fils. Bill & Astrid Lundstrom se fréquentent amoureusement, dorénavant. 

Les Stones ont très bien fait en Europe et en Amérique, en 1966, et ont développé d'importants marchés en Italie et en Allemagne, entre autres. Dans la seconde semaine de janvier, on lance un double single dont les deux morceaux seront très populaires. On passe pour la 5ème fois au Ed Sullivan Show, et la production oblige Mick à reformuler le refrain en disant "Let's spend some time together". Les Rolling Stones n'en reviennent pas du conservatisme Étatsunien. Mick se pliera à la demande mais pendant un gros plan sur son visage pendant qu'il change les mots, ne s'empêche aucunement de rouler des yeux de dépit en disant "some time together". Le rétrograde conservatisme ne fera pas bien se positionner Let's Spend The Night Together (qui sera #3 au UK et #1 au Canada) aux États-Unis mais rendra Ruby Tuesday #1. Partout. C'est d'un ridicule consommé car Let's Spend... est une de leur chanson des plus 7 à 77 ans. Écoute facile, presque soul/jazz. Très accessible et aucunement désagréable.

Comme faire l'amour.

Between The Buttons est lancé en janvier. Jones abandonne souvent la guitare pour l'orgue, les marimbas, le dulcimer, le xylophone ou le gazoo. On est rock, pop, un zest de soul, psychédélique et baroque. Keith Richards joue la base de Bill Wyman sur 3 des 12 morceaux. Jack Nitzsche et Ian Stewart se partagent maintenant le piano. Pour la pochette, la photo a été prise à 5h30 du matin, tentant de rendre l'effet de vertige de drogue. Si au début, l'attitude de Brian Jones, qui se sacre complètement du moment et reste extrêmement distant, choque tout le monde présent, on se rend compte qu'effectivement, ça ne peut que rendre la photo plus vraie. Brian est ailleurs par rapport aux autres. La photo reste hantée de la présence de Jones, en plein milieu, comme un gnome égaré. Il s'agit du tout dernier album qui aura Andrew Loog Oldham à la production. Trop agité, il est aussi de plus en plus critiqué par les membres du band toujours insatisfaits du produit fini. Oldham étouffe le son du piano de Stu mais parfois, c'est le corps de la chanson qui en souffre. Ça déplait au band. On fait des apparitions télé et un passage au prestigieux Sunday Night at The London Palladium. Mais on cause la controverse en refusant de tourner avec tous les invités de la soirée dans le carrousel en fin d'émission. Comme des mascottes dans une parade. Clownesque, effectivement. Ça donne des idées de cirques qui fleuriront.

Deux nouveaux couples fleurissent. Mick & Marianne passent du temps en Italie et en France, Bill & Astrid passent du temps en Espagne. Astrid, introduite au reste du band, comprend tout de suite qu'il y a 2 clans. Mick & Keith d'un côté, Brian, Charlie et Bill de l'autre. Ça la frustre de voir Bill encaisser toutes les décisions de ceux qui s'appellent The Glimmer Twins. (les jumeaux lumineaux). Mais Bill s'imposera légèrement davantage.  

En hiver 1967, on commence le travail préléminaire sur l'album suivant. Mick & Keith assistent à l'enregistrement d'A Day In The Life des Beatles et est très impressionné par la richesse de leur travail studio. Il faudra accoter selon eux. Brian s'investit toujours sur la trame sonore du film dans lequel joue Anita Pallenberg

 Le conservatisme Britannique n'est pas complètement étranger au conservatisme Étatsunien. Quand le documentaire A Boy Called Donovan est diffusé à la télévision, c'est un tout premier regard sur le style de vie (de Donovan) de l'univers musical où la drogue semble en filigrane, facilement accessible. Une alliance crasse entre la police de Scotland Yard et le journal News of The World enverra beaucoup de merde dans les ventilateurs de Février. Car oui, les murs en seront pleins. 

Quelques semaines avant, le News of the World avait confondu Mick Jagger et Brian Jones en train de se vanter de prendre de la drogue. Jagger avait publié un message disant que si ils ne se rétractaient pas, il pourrait choisir de les poursuivre en diffamation. Jones s'était effectivement fait voir intoxiqué et en possession de marijuana par des gens du News of The World, ce qui allait irriter le band davantage qu'il ne le faisait déjà de sa personnalité. Ça avait mis la puce à l'oreille de Scotland Yard qui avait approché le journal pour faire une alliance. Dites-nous où et quand, et on ira coincer ces hippies en train de se droguer. The Who, The Moody Blues, Cream, seront aussi ciblés. Donovan s'est fait arrêter en juin 1966, pour possession de cannabis. Les autorités aiguillées par le documentaire.

Un prof d'université, Micheal Hollingshead, faisant des recherches sur les drogues est aussi cible de vastes critiques car il parle publiquement de LSD, de marijuana et présente au Royaume-Uni, Timothy Leary. Scotland Yard veut montrer qu'ils veillent au grain de cette jeunesse "malsaine". 

 Le 11 février, Keith reçoit des "amis" pour prétendument faire essayer à Mick pour la première fois, de l'acide. 

David Schneiderman, sous un pseudonyme, est le roi de l'acide. Il sera fournisseur et probable complice de News of the World/Scotland Yard. Il fournit l'acide à tous et Mick en est malade, de jour. Aussi sur place, le collecteur d'art Robert Fraser, l'antiquaire Christopher Gibbs, le photographe Micheal Cooper, Marianne Faithfull, l'acteur Dennis Hopper, l'auteur William S. Burroughs, le cinéaste Kenneth Anger. Le party est une sorte de mélange de gens traditionnels et de monde alternatif. George Harrison et Pattie Boyd se pointent, mais ne restent pas longtemps. Tony Bramwell, un travailleur de tournée des Beatles y est aussi. 

18 constables, dont 2 femmes, se pointent dans ce qui est maintenant le 12 février.Keith est sous l'effet de l'acide et prend le tout très à la légère. La police demande de fermer la musique qui joue, mais au contraire, on met Rainy Day Women #12 & 25 de Bob Dylan et on chante le refrain "Everybody must get stoned" en s'amusant. Mariane Faithfull sortait de la douche ou du bain, elle doit donc se couvrir d'une fourrure. Elle sera facile à fouiller pour les deux femmes polices. On trouve sur place des feuilles de cannabis, des amphétamines que Jagger dira siennes mais qui sont probablement à Marianne. De l'héroïne sur Fraser. Personne ne sera arrêté tout de suite, mais on sera sommé de se présenter devant un juge. Dans le rapport on parle de barre de savon puisque Faithfull était dans la salle de bain, et le téléphone arabe transforme tout ça en "orgie où Marianne était nue et Mick mangeait une barre mars à même son vagin."

Ces fantasmes de vieux monsieur...misère...

On soupçonne le chauffeur de Mick & Marianne d'avoir été taupe. Mais le roi de l'acide a disparu assez vite et était même en Californie dès le lendemain. Un invité avait aussi un frère dans la police métropolitaine. On a su qu'Harrison y était et on a attendu qu'il parte afin d'arrêter précisément les méchants garçons, pas les plus familiaux et aimés Beatles. 

Jagger, Fraser et Richards seront inculpés. Andrew Loog Oldham, gérant du band, aurait dû prendre les choses en main, mais au contraire, il fuit aux États-Unis pour les trois prochaines mois. La journal jaunit tout ça de son urine de pissou en titrant "Naked girl at Stone's Party". Le band au complet fuit l'attention et se réfugie au Europe. Au début, on mesure le tout et on ne nomme pas les gens inculpés. À leur retour, on nommera Jagger & Richards pour leurs dates d'audiences. Jagger, plutôt immature, déteste encore plus Brian Jones qu'il vise directement d'avoir démarré tout ça. 

L'exil des Stones n'est pas de tout repos. En France on se fait arrêter en tentant de quitter l'hôtel, sans payer. Brian développe des problèmes pulmonaires qui le font tousser lourdement. Il semble dépérir à vue d'oeil. De passage en Espagne, leur carte de crédit est refusée pour payer le restaurant et la police doit aussi s'en mêler. À Tanger, au Maroc, Anita Pallenberg quitte Brian Jones. Elle le quitte pour Keith. 3 papillons sur la même roue. Un seul écrasé au sol quand celle-ci roule.

On plaide non coupable et on veut un jury. Mais ça ne sera pas le cas. On veut faire un exemple. Jagger est reconnu coupable de possession d'amphétamines (4), doit payer 200 Livres Sterling et passer trois mois en prison. Keith écope de 500 Livres Sterling d'amende et d'un an de prison. Fraser écope d'un an aussi. Ils sont tous en prison mais relâchés jusqu'à l'appel. Les sentences sont très mal reçues par l'opinion publique. Moins conservatrice qu'anticipée. Le milieu artistique, l'auteur Graham Greene, le photographe David Bailey, le versatile Jonathan Miller, les Beatles, The Who se montrent publiquement tous contre les sentences. 

En appel la sentence de Keith est 100% renversée. Celle de Jagger amendée sous condition, du harcèlement inutile, celle de Fraser réduite à 6 mois de détention. 6 mois plus tard, les Stones enregistreront une nouvelle chanson pour remercier ceux et celles qui l'avaient soutenu. Un clip est tourné et la référence est double, à ce qu'ils ont subi en cours et en imitant le procès tenu à Oscar Wilde, avec Marianne Faithfull, en vedette. Lennon, McCartney, sont dans les voix du single.

Les vents conservateurs croisent une ère psychédélique que The Byrds entretient avant d'être détourné country.

Le jour où Mick & Keith sont relâchés, Brian Jones est arrêté à son tour. Pour possession. Mais tout de suite relâché lorsqu'on paie pour sa sortie de prison. On célèbre en faisant une fête entre amis, mais Marianne, cloche, apporte du hashish. L'hôte de la soirée la traite d'idiote et fait disparaître dans la toilette. 

On devient petit à petit, habile en bordélisme.

La sessions studio bordélique de l'album prochain promettent le bordel.  

dimanche 3 mars 2024

Sillages, Brian de Plus en Plus au Large

Tôt en janvier Mick tient un party qui comprend entre autres invités John Lennon, George Harrison et Ringo Starr. Keith, Bill Wyman et Ian Stewart se prennent un moment en studio pour jouer et enregistrer Stu-Ball pour le plaisir. C'est Wyman qui produit le tout. Ça n'aura donc jamais de place nulle part. Un nouveau single est lancé et Keith échoue son test de conduite. 

Après être passé chez Ed Sullivan pour la troisième fois (rappelez vous la première, il ne voulait plus jamais les voir) on se transporte en Océanie, en Australie et en Nouvelle-Zélande, pour des concerts et des apparitions télé. Jusqu'au début mars. Mick, Keith, Charlie et sa femme Shirley séjournent aux Îles Fidji tandis que Brian Jones et Bill Wyman errent à Los Angeles. 

On fignole ce qui avait été entamé en décembre, en studio. Sur les îles Fidji, on découvre la sitar que Brian apprendra très vite. On l'intègre à un morceau hanté, fraichement composé. Jones n'est pas entièrement bois mort. Il se rend utile en étant extrêmement versatile. C'est lui qui jouera de la guitare mais il ajoute des marimbas de temps à autres, apprend le xylophone et le tympanon. Bien que Jagger et Richards soient les seuls crédités à la composition, Jones créé beaucoup autour de ce qu'ils ont fait. Et une chanson récriminante envers Chrissie Schrimpton, musicalement pourrait lui être largement créditée autant que la prétendue satanique qui sera le second single. Repoussé du revers de la main, il reste encore plutôt inventif. Le problème étant qu'il a la mèche courte. Il joue d'un instrument récemment découvert pendant 3 semaines puis, plus jamais. 

Jones ne fait presque plus de voix arrière comme avant. Il déteste avoir à apprendre ce que Mick & Keith ont composé. Jones est de plus en saoul régulièrement. Comme il se présente de moins en moins en studio parce qu'il en a pas envie, il se permet un voyage à New York, avec Andrew Loog Oldham. Il assistera à un spectacle de Velvet Underground dans la tournée multimedia d'Andy Warhol Exploding Plastic Inevitable Show. À peu près au même moment, Keith achète une maison, Redlands, à Sussex, pour 20 000 livres Sterling (396 000$ de nos jours). Il y emménage avec son chien Ratbag. Ce chalet du 13ème siècle aurait été visité par le passé par Ann Boleyn. On commence à faire fructifier sa nouvelle richesse. On se donnera en spectacle à Amsterdam, en Belgique où on y rencontre Brigitte Bardot, et sur scène aussi à Lyon et Marseilles. Pendant que Mick, Keith et Charlie assistent à des enregistrements studio de The Troggs, en Angleterre, Brian, Anita & Charlie restent à Paris et assistent à des enregistrements télés, de performances de The Who & The Yardbirds

Pour ne pas laisser de temps mort et tenter de rassembler rapidement des sous faciles pour les hésitants sur le band, on lance une première compilation pour l'Amérique. En avril, on se donne en show en Suède et au Danemark et le 4ème album studio britannique des Rolling Stones est lancé. 

Bill est marié depuis 1959 et papa d'un garçon trois ans plus tard. Il voyage en Scandinavie avec sa petite famille. Mick & Chrissie, Brian & Anita sont ensemble à Dublin. Pour la 3ème année de suite, le New Musical Express les nomment artistes musicaux de l'année (en avril!) et ils font une performance avec The Yardbirds et The Who. Mick Taylor, 16 ans, au même moment, remplace à pied levé Eric Clapton chez John Mayall & ses Bluesbreakers. En Espagne, Brian séjourne alors que Bill et sa famille sont aussi en Espagne, mais à Majorca. Mick & Oldham entendent du Beach Boy Bruce Johnston Pet Sounds avant sa sortie. Paul McCartney l'entendra aussi, et à l'écoute de God Only Knows, que Paul considère la plus belle chanson qu'il ait entendu de l'un de ses pairs, compose à son tour un morceau qu'il veut aussi beau, et qui reste effectivement très joli. Jones passe en studio avec les Beatles quand ceux-ci enregistrent Yellow Submarine. Tout le monde et leurs copines vont voir Dylan en spectacle. Keith assiste à la première de Cul-de-Sac de Roman Polanski. S'effondrant de fatigue, Mick est forcé au repos quelques temps. 

Depuis l'assassinat de Kennedy, depuis le Vietnam, en Amérique du Nord, les gens font moins confiance au gouvernement. Mais on y croit encore beaucoup. Comme on le prouvera avec les images de l'homme sur la lune, dans 3 ans. Même si Mick trouve le peuple des États-Unis hostile et divisé, on fait une tournée de spectacles aux États-Unis, en passant par Toronto et Montréal. Montréal a la terrible idée d'engager de lutteurs pour jouer les hommes de main pendant le spectacle. Mais tout le monde veut les braver et les batailles se multiplient au point que les huées enterrent le band et les Stones refusent de continuer, se joignant aux huées voyant des brutes, parfois 6 sur un même adolescent. La version US d'Aftermath est lancée 2 jours avant la fête nationale des États-Unis. À New York, on assiste à un spectacle de remarquable guitariste gaucher dans un club qui se fait appeler Jimmy James. C'est en fait Jimi Hendrix. À Syracuse Brian se fait critiquer de trainer nonchalemment sur le sol un drapeau des États-Unis sur scène. On passe par Houston, St-Louis, Omaha, et égarés, à Winnipeg. 

Tout le monde fume le même pot mexicain et ça allège les relations avec Brian. La présence d'Anita, depuis le Texas, aussi. Candy for the eye, disent les chinois. Fun. Une chanson du dernier album fait clairement référence à la marijuana consommée, ayant comme titre presque son nom de code (Mary Jane). Brian y a aussi mis beaucoup du sien sur ce morceau. Mais ne se battra pas pour la reconnaissance des droits d'auteurs. Brian a des bebittes dans le traineau. Il se chicane si fort avec Anita Pallenberg qu'il lui casse une chaise sur la tête. Les deux sont fortement intoxiqués et démolissent entièrement leur chambre d'hôtel. Dans la chambre voisine, c'est Cary Grant qui s'y trouve et qui n'arrive pas à dormir, il averti le directeur de leur tournée du tapage. Le directeur de tournée a l'impression qu'un camion est entrée dans leur chambre.  

Paint It Black a été #1 mais pas Mother's Little Helper qui n'a été que 4ème aux États-Unis. On veut rescorer fort. Mick compose pour la première fois de sa vie une chanson absolument seul. Mais n'a pas assez confiance en elle pour la proposer en single.  En studio, Brian Wilson de Beach Boys les visite pendant qu'ils enregistrent un morceau et les Stones prennent de la marijuana avec lui. Mick a, en revanche confiance en ce dernier morceau qu'ils ont travaillé avec Jack Nitsztche au piano

Au mois d'août, Brian & Anita sont en vacances au Maroc où Brian y fait de fameuses découvertes musicales. Charlie & Shirley sont en Grèce. Bill, Diane & leur fils, en Floride. Mick au Mexique et Keith à New York. Mick n'est plus avec Chrissie, mais fréquente Marianne Faithfull. Qui est mariée à John Dunbar.

Brian commence à travailler pour un projet parallèle qui l'ostracise davantage des autres membres du band. Il bosse sur la trame sonore d'un film allemand dans lequel joue Anita Pallenberg. Mick, Keith & Oldham travaillent sur un morceau qui serait le prochain single. Keith veut rendre hommage au soul depuis longtemps et distille quelques cuivres dans le morceau tricoté en studio. Le 23 septembre un nouveau single sera lancé, et sur la pochette du single, tous les membres du groupe sont déguisés en femmes. Un film promo, car les clips n'existent pas encore vraiment, est aussi tourné. La chanson est leur plus faible classement dans les palmarès. 

On ne s'en fait guère, on fait une 4ème visite chez Ed Sullivan, qui se traduit toujours en excellentes ventes par la suite. Brian & Anita emmènagent en appartement ensemble, à Londres, à Courtfield Road. On se prépare pour une tournée au Royaume-Uni qui aura Ike & Tina Turner en première partie ou encore The Yardbirds. 

Marianne se sépare de John Dunbar pour être plus avec Mick. Elle est aussi très proche d'Anita. Glyn Johns est de retour comme ingénieur du son afin de livrer un album enregistré de plusieurs spectacles du band. Brian & Anita partent en vacances à Paris. 

Mick fait une soirée de fête chez lui, avec Marianne, avec The Small Faces qui se donnent en spectacle pour eux. Ron Wood est guitariste dans le band. En Novembre, Richards & Jagger vont à une soirée où se trouvent aussi, John Lennon, George Harrison, Donovan, The Four Tops, cette soirée est tenue par Brian Epstein, gérant des Beatles, dans ses quartiers. Dans le même mois, on fait la photo de la pochette du prochain album. Elle est hantée. Brian est de plus en plus diffus. Tout le monde a l'impression de travailler très fort, mais Brian est étranger à presque tout le monde. Sur une autre planète. 100% parallèle. 

En décembre l'album en spectacle est lancé et Bill Wyman rencontre pour la première fois Astrid Lundstrom dans un club de Londres. Ironiquement, Ron Wood remplace Mick Taylor dans un concert pour la formation  The Gods pour laquelle Taylor joue quelques fois. Chrissie Schrimpton fait une tentative de suicide. Mick chante en duo avec Chris Farlowe, une de ses co-compositions.

Pour Noël, Charlie & Shirley sont aux États-Unis. Brian & Anita ainsi que Keith & Linda à Paris.

Bill pense à Astrid.

Mick et Marianne sont amoureux.

Le temps est suspendu. 

Passons la nuit ensemble. 

1974, Divorce

1974 est une année d'importance en Amérique.  Pour la première fois de l'histoire du pays un président quitte ses fonctions parce qu...