Brian Jones appelle Lindsay-Hogg la veille et lui dit qu'il n'y sera pas, qu'il déteste les Rolling Stones. On le convainc de se présenter. Ce sera la dernière présence publique de Jones avec le band qu'il avait fondé avec Ian Stewart. C'est toutefois Nicky Hopkins qui fait les parts de piano. Et ce sera la première fois qu'Hopkins sera sur scène dans l'arène avec les Stones devant public. Et non Stewart.
Deux nains et un homme fort paradent sur l'introduction.
On commence avec Mick présentant Jethro Tull qui fera du lip synch sur Song for Jeffrey. Ce sera l'unique fois que Tommy Iommy, de Black Sabbath sera vu aux côtés de Ian Anderson, à la guitare (qu'il fait semblant de jouer). Iommi fera bien un autre spectacle avec Jethro Tull, mais Iommy revient à son band appelé alors Earth, précurseur de Black Sabbath. L'ironie veut que ce soit en fait Mick Abrahams qui joue la guitare du morceau que Iommi fait semblant de jouer, et aucune image de Jethro Tull n'existe avec Abrahams, guitariste original du band. On enregistre aussi Fat Man, autre chanson du band, mais c'est coupé au montage. On peut y voir Anderson tenter maladroitement de jouer de sa flûte sur une jambe, pour la première fois, comme il le fera si bien dans le futur.Ian Anderson parle un peu avec Brian Jones et est surpris de voir qu'il ne sait rien de ce qui se passera ce jour-là. Qu'il semble tout aussi invité qu'eux. Il remarque aussi que Jones est si égaré qu'il n'arrive pas à accorder sa propre guitare.
Le numéro de Jethro Tull est suivi de Keith présentant The Who. Qui seront fantastiques en jouant A Quick One While He's Away. Keith Moon est déchainé à la batterie. Le band sort d'une tournée est est encore sur son rythme. Tout le monde joue avec entrain. Le groupe ne joue qu'une seule chanson, mais le fait si bien que les Stones en resteront gênés. Il auront l'impression d'avoir invité meilleurs qu'eux.
Taj Mahal enchaine et il est tout aussi électrifiant. Il performe 4 morceaux, un seul sera retenu au montage final. C'est Charlie Watts qui présente l'artiste suivante: la belle Marianne Faithfull qui chantera une ballade produite par Mick Jagger et dont les arrangements sont de Jack Nitzsche. Elle lancera le morceau en single avec en face B, un morceau dont elle vient de co-écrire les paroles avec Mick, Sister Morphine. Keith annonce un cracheur de feu qui fait un petit numéro par la suite.Brian Jones présente une numéro de piano de Julius Katchen. Katchen jouera aussi Mozart.
Mick Jagger et John Lennon, ce dernier se présentant comme étant Doctor Winston O'Boogie, déconnent ensemble et présentent le band d'un soir, The Dirty Mac (Clin d'oeil à l'ami Fleetwood) qui aura John à la guitare et à la voix, Yoko Ono, à la voix, Ivry Gillis au violon, Eric Clapton à la guitare aussi, Mitch Mitchell à la batterie et Keith Richards à la basse. On pratique Revolution. On fait un jam de réchauffement. On enregistre Yer Blues deux fois. C'est extrêmement long et épuisant. Les éclairages, les positions de caméras, les prises de sons, rien n'est plus lent qu'un tournage sur pellicule. Ivry Gillis joue du violon et Yoko Ono s'époumonne en miaulant au micro. C'est assez insupportable. On a plus que hâte de voir et entendre les Rolling Stones.Mais voilà, il est passé minuit et tout le monde est crevé. Sauf Mick qui semble increvable. Et c'est lui du band, qui a Nicky Hopkins au piano, qui paraitra le mieux. Les Stones jouent Jumpin' Jack Flash, Parachute Woman, No Expectations, You Can't Always Get What You Want et Salt of The Earth. Deux de celles-là ne sont pas de l'album Beggars Banquet. Il est passé 5 heures du matin le 12 décembre quand la dernière chanson est entamée. Tout ça semble futile. On est si déçu qu'on repousse l'idée de tenter de vendre la chose. On l'abandonne, même. Ce ne sera qu'en 1992, que Micheal Lindsay-Hogg, ayant alors 52 ans, est mis au courant qu'on a retrouvé dans les voûtes de la formation The Who, les bandes originales du film. Lindsay-Hogg en fera le montage avec l'accord du band. Un disque en sera aussi fait. Tout ça lancé en 1996.Mais en décembre 1968, on est pas content du résultat final et seul The Who, dans son propre documentaire, 11 ans plus tard, en diffusera quelques images.
Ce qu'on abandonne aussi, c'est Brian Jones. On avait tourné une version de Sympathy for the Devil où Brian est à la guitare. Les Stones ne se sentaient pas à la hauteur ce jour-là. Il fallait davantage recentrer.Mick, Keith, Marianne & Anita partent trois semaines en vacances des fêtes, au Pérou et au Brésil.
Brian Jones et Suki Poitier seront au Sri Lanka. Ils en reviendront séparés.
Jones est sur le point de vivre une autre séparation.
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