samedi 7 décembre 2024

Prince Rupert Loewenstein (1933-2014)

Né à Palma, ville de Majorca, en Espagne, il est le fils de Leopold, Prince Loewenstein-Wertheim-Freudenberg, qui lui, est frère d'Hubertus, aussi Prince Loewenstein-Wertheim-Freudenberg et de sa femme la comtesse Bianca Henrietta Maria Fischler von Treuberg, descendante de Pierre 1er, empereur du Brésil. La famille a des racines juives et est, vous le comprendrez bien, extraordinairement riche. Henry de Worms, est le père de la mère de Rupert, c'est son grand-père maternel. 

Les parents du Prince Rupert se séparent quand il est enfant. Il part vivre avec l'entourage de sa mère, en Angleterre, quand il a 7 ans. Il fera son école primaire à l'école Quaker (alors) St-Christopher School, de Letchworth, à Hertfodshire, et son collège au Magdalen College d'Oxford où il y étudie l'histoire médiévale. 

Bien entendu, baignant dans l'extrême richesse, son avenir ne sera jamais inquiété. Avant ses 20 ans, il travaille comme apprenti courtier en investissements financiers chez  Bach & Co. Au même moment où les Rolling Stones commencent à se faire entendre à la radio, le Prince Rupert forme un consortium avec son collègue étudiant Jonathan Guiness afin d'acheter une banque qui deviendra Leopold, Joseph & Sons. Ses amis d'école Richard Cox-Johnson et Louis Heyman se joignent aussi au consortium et dans la jeune vingtaine, il devient directeur de la firme financière. 

Une fois fondée, la firme prend de l'expansion avec ses branches de conseillers financiers, ses fusions, ses achats, et particulièrement dans des affaires étrangères.  Il n'est pas particulièrement amoureux de la musique de ces rebelles du rock'n roll que sont les Stones, mais Loewenstein gravite autour du band, par Christopher Gibbs, où Mick Jagger, ancien étudiant de le London School of Ecooomics de Londres, semble le plus réceptif à sa présence. En 1966, Rupert et sa femme sont parents trois fois. 

Fin 1967, les Rolling Stones en sont à l'enregistrement de leur 6e album studio. On travaille ce qui deviendra Their Satanic Majesties Resquets. Andrew Loog Oldham, gérant des Stones, perd peu à peu le contrôle de son groupe. Il ne voulait plus de Brian Jones dans ce groupe et voilà que Mick, Keith, Bill & Charlie lui accordent une place qui a eu des rares précédents sur le disque. Les drogues psychédéliques sont surutlisées dans l'entourage des Stones et Oldham lui-même, du même âge que son band, développe des dépendances à la drogue. Quand il y a cette descente chez Keith, à Redlands, il prend ses distances de son groupe et craint d'être lui-même coffré pour ce genre de choses. 

L'enregistrement de cet album tracera de nouvelles lignes dans le band. Oldham abandonne en cour d'enregistrement. Il n'aime pas la gestion des gars de leur temps de studio. Chaque membre amène en studio des amis, d'amis, d'amis, chaque jour ce qui fait que ne pas connaître qui est qui, dans le studio, n'est pas anormal. C'est une manière de travailler qui déplait tant à Oldham qu'il quittera son poste de gérant. Et comme chaque membre manque souvent les sessions parce qu'il doit apparaître en cour pour la descente à Redlands, la gestion du calendrier d'enregistrement est un véritable casse-tête. Il sont tous autour de 25 ans. Gèrent comme leur âge et leur expérience le suggère instinctivement. John Paul Jones, bassiste de Led Zeppelin sera musicien sur ce disque, au mellotron, au thérémine et aux arrangements de cordes. 

Oldham trouve que les gars manquent de focus, excédés, mais aussi confus, il abandonne le band. 

Mais Oldham n'était pas que gérant. Il était aussi producteur de leurs albums. Les Stones produiront ainsi leur tout premier album, eux-mêmes. Ça ne pouvait pas nécessairement se passer parfaitement bien. 

Ce qui se passe parfaitement bien toutefois c'est le mariage d'affaires entre le Prince Rupert Loewestein et les Rolling Stones. C'est une rencontre capitale pour le groupe. Il n'a aucune expérience dans le milieu de la musique et n'avait même jamais entendu parler de Mick Jagger avant cette rencontre. Mais le bavarois aristocrate a alors acquis la réputation d'être un si bon hommes d'affaires qu'on le surnomme le "calculateur humain". Christopher Gibbs, un marchand d'art et dans l'entourage bohème des Stones, connait le Prince et connait Mick Jagger. Il les fait se rencontrer dans les sessions d'enregistrements de Their Satanic Majesties Requests.  Oldham trouve que les Stones manquent de focus, mais au contraire, on commence à trouver que l'argent est mal équilibré dans leurs affaires et c'est Gibbs qui leur suggérera de faire affaire avec le Prince pour toute leur gestion financière. 

À la fin des années 60, malgré de fameux succès internationaux, les Stones sont financièrement sans le sou. N'ont que le strict minimum et lorsque demandé. Ne savent pas ce qu'ils devraient reçevoir mais savent que ça devrait être plus. Allen Klein les vole. Il a structuré de telles choses que le band n'a le contrôle sur à peu près rien. Ils ont besoin de quelqu'un qui fera le ménage dans leurs affaires. Loewenstein accepte de mettre un oeil là-dessus et impressionne Jagger dans la clarté de ce qu'il propose.  Il commence par les libérer de Klein et leur propose de devenir exilés fiscaux. Ce qu'ils seront. Au meilleur de leur forme. Une nouvelle sorte de gestion, une sorte de fusion, se dessine pour les Rolling Stones. 

Le Prince, n'étant aucunement le gérant créatif autour du groupe, ce qu'Oldham pouvait être parfois, il sera en revanche moteur financier parfait autour de leurs affaires. L'équilibre qu'il fallait pour les Stones. Le pilier redressant la maison du blues rock. Le groupe est alors transformé en marque internationale, ce qui n'est pas rien. Il leur fait comprendre et leur apprend que chaque tournée devrait les rendre plus riches. Ses stratégies financières seront fameuses et les Rolling Stones ne seront jamais plus riches qu'avec lui autour d'eux. 

Sans être musicien, il est instrumental à la transformation en machine à sous de ce band qui aurait pu ramollir facilement en tout temps. Chaque décision autour du band devient quelque chose d'avantageux et même quelque chose de payant pour eux. Enregistrer en Jamaïque ou en France (pas moins de 5 albums seront enregistrés en France) ou pratiquer dans un studio mobile au Canada. Placer des gains dans des comptes aux Pays-Bas. Loin des taxes d'Angleterre ou des États-Unis. Sous Thatcher, le groupe est à un certain temps taxé à 83% de ses gains et à 98% lors d'investissements. Absurde. Devenir non résident devient primordial. 

Dans les années 80, les droits sur le logo, ainsi que le commanditaires de leurs tournées comme les multinationale General Motors, Coke ou Budweiser ont le Prince comme initiateur. Les Stones commencent à se rendre riches jour après jour seulement autour de 1981/1982. Loewenstein leur suggérait d'être patients et ça a rapporté largement. Ils n'ont pas cessé de faire de l'argent depuis. Les gars trouvent amusant que leurs revenus soient des Francs Suisses le matin, des Marks dans l'après-midi transformés en Yens, qui deviennent des US Dollars en soirée. 

Jamais Loewenstein ne s'investit dans leur musique. Mais s'assure qu'ils ont toutes les bonnes conditions pour créer à leur guise. Librement. Il préfère Mozart ou Beethoven. En 2007, il choisit de prendre sa retraite.

10 ans avant de rencontrer les Stones, Rupert épousait Josephine Clare Lowry-Corry. Avec elle, il aura trois enfants. Rudolf Amadeus Joseph Karl Ludwig Emmanuel, né en 1957 et ordonné prêtre de l'ordre dominicain, adulte. Konrad Friedrich Ferdinand Johannes Ottakar Sylvester, né en 1958, lui aussi devenu prêtre, de la fraternité de Saint-Pierre. Finalement, en 1966 naissait leur fille Maria Theodora Marjorie (appelée Dora) mariée depuis 1998 au comte Manfredi della Gherardesca. Son parrain est le baron de Rédé, Alexis von Rosenberg.  

Dora écrira quelques livres sur sa vie autour des Rolling Stones, entourage qu'elle a fréquenté dès sa tendre enfance. 

Les enfants devenus "grands", le couple vivait dans le domaine Petersham Lodge de River Lane, en Banlieue de  Londres, depuis 1987. Cette maison du 18e siècle avait été construite dans les bois pour la Duchesse de Queensberry. Et était bien entendu catégorisée patrimoine national. 

Le 20 mai 2014, à 80 ans, Rupert, Prince zu Löwenstein-Werthem-Freudenberg, comte de Löwenstein-Scharffeneck, poussait son dernier souffle, à l'âge de 80. Décédé du Parkinson. 

Homme indispensable dans le florissement des Rolling Stones.  

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