samedi 28 décembre 2024

Ce N'est Que du Rock'n Roll (Et on aime ça!)

Charlie a quitté notre monde.

Les Rolling Stones originaux ne sont plus que le duo enfermé dans la cuisine, pour commencer à créer pour le band, 56 ans avant. Mick & Keith. Qui se connaissent et se fréquentent depuis plus de 60 ans. 

Charlie la force tranquille entre le rebelle nerveux créatif et le dandy organisé calculateur n'y est plus. Certains disent que rock'n roll vient aussi de mourir. Comme on le disait après Altamont, en 1970. Puis comme on l'a aussi dit après l'arrivé des diffusions musicales accessibles via l'internet. Les Rolling Stones seront souvent la mort. Ils sont la mort de "l'achat d'un disque compact" pour moi. Le tout dernier que j'achèterai avant de passer à Youtube, Itunes, puis, préférant Spotify, étant Blue & Lonesome, leur avant dernier. 

Mais le dernier avec Charlie sur tous les morceaux. 

Le band ne peut jamais plus être le même. 

Deux ans plus tard, on lance un dernier disque. Charlie s'y trouve sur 2 morceaux. Steve Jordan fait les autres. Et comme Duran Duran, un band pourtant plus de 25 ans plus jeune que le leur, on sent le besoin d'y mettre une demie tonne d'invité(e)s, populaires, afin de vendre de manière plus satisfaisante, le produit. Elton John, Lady Gaga, Stevie Wonder, Paul McCartney, Bill Wyman, Ben Tench, organiste des Heartbreakers de Tom Petty, sont tous sur au moins un morceau de ce nouvel album. Qui sera très bien reçu mais duquel certains diront aussi qu'ils essaient d'être leur image au lieu d'être leur âge. Mais le rock est leur domaine. Et ils maitrisent encore merveilleusement bien. Comme quelques invités sont aussi de leur génération (McCartney, Wonder, John), on a le sentiment qu'on boucle la boucle.

Charlie et Bill sont de ce dernier disque. Pour une rare fois depuis longtemps, au 24e album studio, lancé le 20 octobre 2023, 4 des 6 Stones originaux sont sur un disque des Stones. Andrew Watt est co-crédité sur 3 morceaux, dont le premier single. On ferme avec le blues de Muddy Watters qui a inspiré le nom du band à Brian Jones, il y a plus de 60 ans. En quelque sorte, on ramène l'esprit de Jones aussi.

Synonyme de rébellion et d'esprit du rock'n roll par le blues, l'impact des Rolling Stones aura été majeur au cours de leur carrière. Personnellement, ils m'ont gagné dès mes 15 ans, à un âge où je n'avais envie que de crier aux gens de se tirer de mon nuage. Et de demander des tonnes de choses aux filles. 

Ils ont été instrumentaux à reformer le rock moderne puisant largement par le blues, le R & B et réinterprétant à leur manière le rock'n roll naissant qui les avaient inspirés, eux. Trois de leurs albums sont maintes et maintes fois, mentionnés parmi les meilleurs de tous les temps. Croisant, éléments de folk, de blues, de rock brut, de country, de gospel, de rock'n roll. Il n'y a pas de The Clash sans Rolling Stones. Pas plus qu'il n'y a de Black Keys. Et combien d'autres ! ils ont été inspirations !

Emblèmes de la contreculture des années 60 et 70, ils ont constamment repoussé les limites du possible en ce qui concerne les sujets traités dans les chansons, les allusions aux drogues, les claires allusions sexuelles, les propositions indécentes, là où c'était parfois trop propre. Brut, à vif, fûtés, chanceux, pernicieux, rustaud, vulgaires, punks avant l'heure, ils étaient émules de plus d'une génération voulant faire les choses différemment. Et à leurs têtes. 

Peu de bands ont duré avec succès sur 6 décennies. Ils ont non seulement révolutionné le rock'n roll, mais aussi révolutionné le style de présentation du matériel. Les tournées sont de nos jours inspirées de ce qu'ils ont tout inventé dans les jeunes années 70. Ils ont imposé leur plan d'affaires et les musiciens avisés savent de nos jours qu'une fois les quelques albums vivement vendus, c'est en tournée qu'on se rendra riches. 

Seulement si bien organisés.

Et les Stones auront toujours été du crime très bien organisé.

Imparfait, mais une zone de confort pour Boomer, une période dorée pour mon oreille, (entre 1968 et 1974 +1980), des innovateurs en matière de promotion, par les logos, par les tournées, par les annonces de tournées, par les commanditaires affiliés aux bands. 

Des inspirations de créations, de rébellion et d'individualités. 

Ils étaient et sont encore, plus qu'un band, ils ont été un mouvement, et un rappel incessant de la puissance de la musique au travers des époques. 

Ils ont largement inspiré quelque chose qui mourra pratiquement avec eux, Mick & Keith, pas encore assez vieux, le rock.

The bite of a snake, the sting of a spider

A drink of Belladonna on a Toussaint night

Hiding in a corner of New York City

Looking down a .44 in West Virginia.  

Les Rolling Stones n'auront pas été juste à vous, Boomers. 

La rébellion n'a pas d'âge. 

Le rock n'est pas tout le temps sage. 

L'immortalité leur est certaine. 

La musique coule dans leurs veines.  

samedi 21 décembre 2024

Garder la Lumière Allumée

Les gars ne sont plus des sexagénaires, ils sont maintenant septuagénaires. Quand notre fille aura 14 ans, Ron Wood aura eu 70 ans, la veille. Un peu comme une personne âgée mentant sur son assiduité sexuelle dans le foyer de l'âge d'or, Mick & Keith continuent de dire à ceux qui leur demandent ce qui se passe avec les Stones, qu'ils travaillent sur un nouvel album. Ce qui est vrai. 
Mais on promettrait un nouvel album encore longtemps.

Chuck Berry meurt à 90 ans, en mars. Keith perd une idole. Les gars perdent une grande inspiration de leurs 20 ans. C'est toujours un rappel de leur propre destinée. Chuck aimait tous les styles de musique et s'inspirait de Hank Williams et de la musique country. Bien que Keith n'a jamais souhaité faire lui-même un guitariste qui se la joue super solo, leurs univers sonores, blues, rock'n roll, country, étaient tout à fait parents. Keef a le même noeud au coeur qu'à ses 15 ans, quand Buddy Holly est décédé dans son accident d'avion. 

Quand le band accepte un prix pour l'album blues de l'année, remis par Jazz FM de Londres, on esquisse un grand sourire. À leurs débuts, il y a plus de 50 ans, on les expulsait des clubs de jazz pour avoir joué du blues et maintenant c'était le jazz qui saluait leur blues. La boucle est bouclée. On annonce une tournée automnale de 14 villes d'Europe et d'Amérique. Charlie dit toujours qu'il prendra sa retraite à la fin de la prochaine tournée. Retourne chez lui, fait face à l'idée de passer la tondeuse, revient jouer de la batterie avec les amis.

Ron Wood se fait détecter par des docteurs futés une lésion potentiellement mortelle sur un de ses poumons. Il doit être opéré d'urgence avant la tournée. Voilà un an qu'il a cessé de fumer mais le mal avait été fait. Il passera assez près d'y passer. 

Celle qui y passe, c'est Anita Pallenberg, le 13 juin. À 75 ans. 

Mannequin à 23 ans, elle avait été la copine amoureuse de Brian Jones deux ans, avant de devenir celle de Keith entre 1968 et 1980, avec lequel ils ont eu trois enfants: Marlon en 1969, Angie en 1972 et Tara Jo, qui ne vivra malheureusement que 10 semaines en 1976. Elle se blâmera, avec son style de vie auto-destructeur pour cette perte et son union avec Keef ne durera pas. Elle aura été actrice dans Barbarella, Dillinger is Dead, A Degree of Murder qui comprenait une trame sonore de son brutal amoureux d'alors, Brian Jones, dans Candy et pour Nicolas Roeg & Don Cammell ainsi que pour Volker Schlöndorff. Elle fera un épisode télé avec sa complice de toujours Marianne Faithfull et tournera aussi pour Harmony Korine, plus tard, dans sa vie. Elle aura été une importante influence pour les Rolling Stones qui voient leur univers fondre autour de lui. C'est une autre lumière qui s'éteint.

Mick lance un single sur lequel jouent Charlie & Woody. Ce dernier continue toujours de peindre et lance maintenant un livre d'arts, comprenant ses oeuvres

On fera la tournée de septembre à la fin novembre. On ajoute trois morceaux au répertoire qu'on ne jouait plus depuis longtemps. En décembre, un album double de leurs enregistrements pour la BBC ou d'autres radios, en studios radiophoniques, entre 1963 et 1965 est lancé.

En 2018, les Grammys aux États-Unis les récompensent du Grammy du meilleur album blues. On annonce le prolongement de la tournée No Filter en Europe pour l'été. Charlie est excité...en pensant à la dernière date du dernier spectacle, le 8 juillet. Mick est agacé de Charlie car il n'a pas de téléphone intelligent ou de blackberry. Pour le rejoindre, c'est la ligne dure du téléphone ou la poste. C'est long dans un monde de plus en plus rapide. 

En tournée on ajoute Street Fighting Man en ouverture et on joue Fool To Cry. On dépoussière aussi Wild Horses,chantée avec Florence Welch, de Florence & The Machine, à Londres. Quand ma fille fête ses 15 ans, Charlie fête ses 77, sur scène, au Ricoh Arena de Conventry, en Angleterre. Le premier concert du band dans ce secteur de Warwickshire depuis 1971. Quand j'étais dans le ventre de ma mère.

Aretha Franklin passe aussi dans l'autre monde. À 76 ans. On est secoués. Mick & Melanie Hamrick et Sally & Ron sont de "jeunes" parents. Mick passe beaucoup de temps avec son garçon de 18 ans, Lucas. On enregistre en studio avec Don Was à la co-production. Mick tourne pour un film de Giuseppe Capotondi. Woody collabore à un morceau de Sinead O'Connor avec Imelda May, Brian Eno et Cillian Murphy pour les 100 ans de l'armistice. On tricote toujours ce qui serait, un prochain album.

Melanie Hamrick, ex-ballerine maintenant chorégraphe, met sur pieds un ballet rendant hommage aux Rolling Stones et à leur musique. Ça s'appelle Porte Rouge. On trouve un problème de valve au coeur sur Mick Jagger et on doit alors repousser tous les projets. Studios et sur scène. Rien de trop grave ni de compliqué, qui ne demandera même pas à ce qu'il soit "ouvert" chirurgicalement, mais qui doit être corrigé et qui exige convalescence. Tout se passera merveilleusement. On lance une compilation 1971-2016 en avril. Des blu/ray-dvd de spectacles sont lancés ponctuellement. Pour garder les eaux vives.

Du premier jour du printemps, en juin à la fin août, on fait la tournée prévue aux États-Unis. 

D'Asie, nait un virus vite propagé dans le monde. On veut prolonger la No Filter Tour en 2020. Toujours en Amérique du Nord. Mais dès le 17 mars, le monde a changé. La pandémie fait tout cesser. Tout le monde est confiné.

Faute de pouvoir se réunir, on lancera un single en avril, au titre approprié morceau qui avait eu le temps d'être complété. Mick y a refait ses voix, mais tout le reste était proprement enregistré/mixé/produit. On lance sur le net en direct, tous les 4 séparés les uns des autres. Charlie jouant du "air drum".

Little Richard meurt du cancer des os à 87 ans. Le premier album à vie qu'à acheté Keith en était un de Little Richard. 

On relancera Goat's Head Soup Deluxe, en septembre. On retravaille, chacun de son côté, le prochain album toujours promis, mais pas vraiment fini.

Mick lance une partie d'un morceau qui semble être une attaque lyrique visant Donald Trump. À qui il faut encore dire de cesser d'utiliser leur musique sinon des poursuites suivront. Ron Wood sera un voix importante encourageant la vaccination pendant le grand confinement. Le cancer revient chez lui, ce qui le rend immunosupprimé et vulnérable au Covid. Mais il le vainc le crabe à nouveau au printemps suivant. 

On annonce vouloir reprendre la phase 2 de la tournée Nord-Américaine, tôt, en septembre. Dès problèmes de santé chez Charlie d'abord non spécifiés, l'empêcheront de commencer la tournée, Steve Jordan prendra sa place à la batterie.

Mais le 24 août suivant, avant même le début de la tournée, Charlie Watts, 80 ans, pousse son dernier souffle. À l'hôpital. Décédé du cancer. 

Cette fois un rempart et un phare s'éteignent.

samedi 14 décembre 2024

Rescousse Émotive

En juin 2014, les Rolling Stones jouent en Israël, pour la première fois de son histoire. On trouve l'expérience majeure. Israël, sous David Ben Gurion, en 1965, interdisant le rock n' roll craignant que ça corromprait la jeunesse israëlienne. La tournée débutée en Asie, poursuivie en Europe et terminée en Océnanie faisait jouer au band 20 morceaux. Commençant par Start Me Up, It's Only Rock'n Roll, You Got Me Rocking, Tumbling Dice et Emotional Rescue, faisant suivre avec Angie, un single qui accompagnait une compilation de 2012, Out of Control, Paint It Black et Honky Tonk Women. Keith joue Slipping Away et Before They Make Me Run, puis on fait Midnight Rambler avec comme invité, Mick Taylor, Miss You, Gimme Shelter, Jumping Jack Flash, Sympathy For The Devil, Brown Sugar, You Can't Always Get What You Want et (I Can't Get No) Satisfaction

On fait encore fortune.

Keith lance un livre pour enfants en septembre, inspiré de sa relation avec son père. En décembre, le jumeau cosmique de Keef, son meilleur ami pour une large partie de sa vie professionnelle et personnelle, Bobby Keys, s'éteint d'une cirrhose du foie, à 70 ans. 2014, est meurtrière autour des Stones. On perd son guide financier, Mick perd sa partenaire de vie, Keef son presque frère. Woody n'est pas en reste, Ian McLagan, claviériste des Faces, décède aussi suite à une crise cardiaque. À 69 ans. Bobby Womack, dont les Stones avaient repris le morceau It's All Over Now, il y a 50 ans, et dont le soul a largement inspiré les rockeurs Anglais, décède aussi, à 70 ans. 

Il est temps de mettre 2014 derrière et d'attaquer 2015.

On se réunit à New York et on choisit de faire une tournée en Amérique du Nord. Avec la mort de McLagan, les anciens membres des Faces se rapprochent et Woody joue avec eux. Keith continue de broder très lentement son projet solo. Fin mars on annonce une tournée à partir de mai des villes remises en raisons de situations personnelles, ce qui coïncidera aussi avec la sortie de Sticky Fingers contenant des morceaux inédits

Mick & Keith prêtent leurs voix à la série comique Sisters: The Kloons dans un segment qui est aussi une sorte de publicité pour leur tournée. 

De mai à juillet on fait 17 villes Nord-Américaines, et on termine sur les Plaines d'Abraham, à Québec, où je suis dans la section VIP, avec des amis, parmi les 102 000 spectateurs, à la mi-juillet. Soirée formidable. Nous qui nous trouvons vieux mauvais garçons, on a devant nous, plus vieux encore, et plus mauvais garçons. Ce n'est pas du tout un band de notre époque, quoique oui, au secondaire et dans la vingtaine, les albums entre 1968 et 1974 surtout, on les as beaucoup consommés. Ce sont encore nos préférés. Mick Taylor n'est cette fois plus de l'aventure. C'est l'époque qui était notre préférée. 

Mick dit avoir beaucoup composé et aimerait que les Stones lancent du nouveau matériel. Mais il ne veut pas non plus obstruer la sortie d'un album solo de Keith, qui serait prêt, mais on fignole en studio encore un peu, et cherche un bon moment pour le lancer.

Ron Wood fait la promotion d'un livre/journal de son temps avec les Stones. Woody fête ses 40 ans officiellement Rolling Stones. En juin est relancé Sticky Fingers version Deluxe. Depuis 3 ans, on travaille une exposition couvrant l'entièreté de leur carrière qui verra le jour en 2015. Deux jours après la fin de la tournée, le premier single du prochain album solo de Keef peut être téléchargé. 

À l'automne le livre de Woody est lancé, au Festival du film de Toronto, Morgan Neville présente un documentaire tourné sur Keith enregistrant son album solo. Ce 3e album solo de sa part est lancé le 18 septembre. Mick rejoint Taylor Swift sur scène, pour chanter Satisfaction avec elle. Woody confesse qu'il avait toujours pensé qu'un jour, il pourrait faire parti des Rolling Stones. Que si il ne se mettait pas de pression pour y arriver, il y placerait tous les astres. Même quand il était dans d'autres bands, avant les Stones. Et que quand il a été confirmé Stones, il explosait de joie par en dedans face à ce qu'il considérait comme un maudit bon boulot, et qui allait vraiment l'être. Il avait absolument la personnalité et le talent pour se glisser aux côtés des Glimmer Twins sans leur voler leur "swag" tout en ajoutant du sien, avec brio.

Quand les gars jouent ensemble (+Darryl Jones) jamais ils ne sont trouvés meilleurs. Ils se comprennent vite, improvisent au besoin avec adresse, ajoutent les uns aux autres des idées, des riffs, des nuances suivent des instincts et du flair aiguisés. 

Si Woody assiste au mariage de sa fille, Keith accompagne la sienne, Théodora, à la clinique de réhabilitation. Elle doit soigner une dépendance aux drogues. La pomme ne tombe pas loin de l'arbre.

On annonce qu'en 2016, on fera une tournée en Amérique du Sud. En décembre, on est en studio et on joue ensemble des morceaux de blues qu'on aime. Ne serais-ce que pour se garder "réchauffés". Comme un lanceur vétéran de baseball lance des balles à son receveur préféré depuis toujours.

Quand David Bowie surprend tout le monde avec sa mort en janvier 2016, les Stones, qui le connaissaient bien, sont bouleversés. Jagger, avec Martin Scorcese, participe à la production de la série télé Vinyl. La tournée Sud Américaine durera du 3 février au 25 mars, visitant le Chili, l'Argentine, l'Uruguay, le Brésil, le Pérou, la Colombie, le Mexique et Cuba. 

En avril, c'est au tour d'un autre géant, Prince, de trouver la mort. D'une mauvaise gestion de ses pilules. Les Stones reconnaissent son talent depuis ses débuts. Sont encore émotivement ébranlés. Continuent d'enregistrer en studio leurs morceaux de blues pratiqués ensemble. On ordonne au crétin Donald Trump de cesser d'utiliser leur musique dans ses rassemblements partisans. On pratique si bien ensemble qu'en deux jours, un album de reprises blues est prêt.

Un DVD/Blu-Ray, documentaire musical, est lancé en juin, couvrant la tournée Européène de 1995. Il est confirmé que la fréquentation de Mick Jagger, la ballerine Melanie Hamrick, est enceinte de lui. Un film sur leur concert à Cuba est lancé en salle. On offre à l'automne 12 reprises de blues. Buddy Johnson, Howlin' Wolf, Little Walter, Magic Sam, Eddie Taylor, Jimmy Reed, Willie Dixon sont entre autres repris par les blues boys. Pour se faire du bien à tous, on se réfugie dans les premières amours, le blues qui les as fait naître. 

Blue & Lonesome est le dernier CD que je m'achèterai de ma vie, en novembre 2016. 

Embourgeoisé comme un Rolling Stone, acheté chez Costco.  

Donald Trump est élu président aux États-Unis. Par ignorance, misogynie, désaffection de partisans de Bernie Sanders, volé aux primaires Démocrates, et par désinformation généralisée.

On ne peut pas toujours avoir tout ce qu'on veut... 

samedi 7 décembre 2024

Prince Rupert Loewenstein (1933-2014)

Né à Palma, ville de Majorca, en Espagne, il est le fils de Leopold, Prince Loewenstein-Wertheim-Freudenberg, qui lui, est frère d'Hubertus, aussi Prince Loewenstein-Wertheim-Freudenberg et de sa femme la comtesse Bianca Henrietta Maria Fischler von Treuberg, descendante de Pierre 1er, empereur du Brésil. La famille a des racines juives et est, vous le comprendrez bien, extraordinairement riche. Henry de Worms, est le père de la mère de Rupert, c'est son grand-père maternel. 

Les parents du Prince Rupert se séparent quand il est enfant. Il part vivre avec l'entourage de sa mère, en Angleterre, quand il a 7 ans. Il fera son école primaire à l'école Quaker (alors) St-Christopher School, de Letchworth, à Hertfodshire, et son collège au Magdalen College d'Oxford où il y étudie l'histoire médiévale. 

Bien entendu, baignant dans l'extrême richesse, son avenir ne sera jamais inquiété. Avant ses 20 ans, il travaille comme apprenti courtier en investissements financiers chez  Bach & Co. Au même moment où les Rolling Stones commencent à se faire entendre à la radio, le Prince Rupert forme un consortium avec son collègue étudiant Jonathan Guiness afin d'acheter une banque qui deviendra Leopold, Joseph & Sons. Ses amis d'école Richard Cox-Johnson et Louis Heyman se joignent aussi au consortium et dans la jeune vingtaine, il devient directeur de la firme financière. 

Une fois fondée, la firme prend de l'expansion avec ses branches de conseillers financiers, ses fusions, ses achats, et particulièrement dans des affaires étrangères.  Il n'est pas particulièrement amoureux de la musique de ces rebelles du rock'n roll que sont les Stones, mais Loewenstein gravite autour du band, par Christopher Gibbs, où Mick Jagger, ancien étudiant de le London School of Ecooomics de Londres, semble le plus réceptif à sa présence. En 1966, Rupert et sa femme sont parents trois fois. 

Fin 1967, les Rolling Stones en sont à l'enregistrement de leur 6e album studio. On travaille ce qui deviendra Their Satanic Majesties Resquets. Andrew Loog Oldham, gérant des Stones, perd peu à peu le contrôle de son groupe. Il ne voulait plus de Brian Jones dans ce groupe et voilà que Mick, Keith, Bill & Charlie lui accordent une place qui a eu des rares précédents sur le disque. Les drogues psychédéliques sont surutlisées dans l'entourage des Stones et Oldham lui-même, du même âge que son band, développe des dépendances à la drogue. Quand il y a cette descente chez Keith, à Redlands, il prend ses distances de son groupe et craint d'être lui-même coffré pour ce genre de choses. 

L'enregistrement de cet album tracera de nouvelles lignes dans le band. Oldham abandonne en cour d'enregistrement. Il n'aime pas la gestion des gars de leur temps de studio. Chaque membre amène en studio des amis, d'amis, d'amis, chaque jour ce qui fait que ne pas connaître qui est qui, dans le studio, n'est pas anormal. C'est une manière de travailler qui déplait tant à Oldham qu'il quittera son poste de gérant. Et comme chaque membre manque souvent les sessions parce qu'il doit apparaître en cour pour la descente à Redlands, la gestion du calendrier d'enregistrement est un véritable casse-tête. Il sont tous autour de 25 ans. Gèrent comme leur âge et leur expérience le suggère instinctivement. John Paul Jones, bassiste de Led Zeppelin sera musicien sur ce disque, au mellotron, au thérémine et aux arrangements de cordes. 

Oldham trouve que les gars manquent de focus, excédés, mais aussi confus, il abandonne le band. 

Mais Oldham n'était pas que gérant. Il était aussi producteur de leurs albums. Les Stones produiront ainsi leur tout premier album, eux-mêmes. Ça ne pouvait pas nécessairement se passer parfaitement bien. 

Ce qui se passe parfaitement bien toutefois c'est le mariage d'affaires entre le Prince Rupert Loewestein et les Rolling Stones. C'est une rencontre capitale pour le groupe. Il n'a aucune expérience dans le milieu de la musique et n'avait même jamais entendu parler de Mick Jagger avant cette rencontre. Mais le bavarois aristocrate a alors acquis la réputation d'être un si bon hommes d'affaires qu'on le surnomme le "calculateur humain". Christopher Gibbs, un marchand d'art et dans l'entourage bohème des Stones, connait le Prince et connait Mick Jagger. Il les fait se rencontrer dans les sessions d'enregistrements de Their Satanic Majesties Requests.  Oldham trouve que les Stones manquent de focus, mais au contraire, on commence à trouver que l'argent est mal équilibré dans leurs affaires et c'est Gibbs qui leur suggérera de faire affaire avec le Prince pour toute leur gestion financière. 

À la fin des années 60, malgré de fameux succès internationaux, les Stones sont financièrement sans le sou. N'ont que le strict minimum et lorsque demandé. Ne savent pas ce qu'ils devraient reçevoir mais savent que ça devrait être plus. Allen Klein les vole. Il a structuré de telles choses que le band n'a le contrôle sur à peu près rien. Ils ont besoin de quelqu'un qui fera le ménage dans leurs affaires. Loewenstein accepte de mettre un oeil là-dessus et impressionne Jagger dans la clarté de ce qu'il propose.  Il commence par les libérer de Klein et leur propose de devenir exilés fiscaux. Ce qu'ils seront. Au meilleur de leur forme. Une nouvelle sorte de gestion, une sorte de fusion, se dessine pour les Rolling Stones. 

Le Prince, n'étant aucunement le gérant créatif autour du groupe, ce qu'Oldham pouvait être parfois, il sera en revanche moteur financier parfait autour de leurs affaires. L'équilibre qu'il fallait pour les Stones. Le pilier redressant la maison du blues rock. Le groupe est alors transformé en marque internationale, ce qui n'est pas rien. Il leur fait comprendre et leur apprend que chaque tournée devrait les rendre plus riches. Ses stratégies financières seront fameuses et les Rolling Stones ne seront jamais plus riches qu'avec lui autour d'eux. 

Sans être musicien, il est instrumental à la transformation en machine à sous de ce band qui aurait pu ramollir facilement en tout temps. Chaque décision autour du band devient quelque chose d'avantageux et même quelque chose de payant pour eux. Enregistrer en Jamaïque ou en France (pas moins de 5 albums seront enregistrés en France) ou pratiquer dans un studio mobile au Canada. Placer des gains dans des comptes aux Pays-Bas. Loin des taxes d'Angleterre ou des États-Unis. Sous Thatcher, le groupe est à un certain temps taxé à 83% de ses gains et à 98% lors d'investissements. Absurde. Devenir non résident devient primordial. 

Dans les années 80, les droits sur le logo, ainsi que le commanditaires de leurs tournées comme les multinationale General Motors, Coke ou Budweiser ont le Prince comme initiateur. Les Stones commencent à se rendre riches jour après jour seulement autour de 1981/1982. Loewenstein leur suggérait d'être patients et ça a rapporté largement. Ils n'ont pas cessé de faire de l'argent depuis. Les gars trouvent amusant que leurs revenus soient des Francs Suisses le matin, des Marks dans l'après-midi transformés en Yens, qui deviennent des US Dollars en soirée. 

Jamais Loewenstein ne s'investit dans leur musique. Mais s'assure qu'ils ont toutes les bonnes conditions pour créer à leur guise. Librement. Il préfère Mozart ou Beethoven. En 2007, il choisit de prendre sa retraite.

10 ans avant de rencontrer les Stones, Rupert épousait Josephine Clare Lowry-Corry. Avec elle, il aura trois enfants. Rudolf Amadeus Joseph Karl Ludwig Emmanuel, né en 1957 et ordonné prêtre de l'ordre dominicain, adulte. Konrad Friedrich Ferdinand Johannes Ottakar Sylvester, né en 1958, lui aussi devenu prêtre, de la fraternité de Saint-Pierre. Finalement, en 1966 naissait leur fille Maria Theodora Marjorie (appelée Dora) mariée depuis 1998 au comte Manfredi della Gherardesca. Son parrain est le baron de Rédé, Alexis von Rosenberg.  

Dora écrira quelques livres sur sa vie autour des Rolling Stones, entourage qu'elle a fréquenté dès sa tendre enfance. 

Les enfants devenus "grands", le couple vivait dans le domaine Petersham Lodge de River Lane, en Banlieue de  Londres, depuis 1987. Cette maison du 18e siècle avait été construite dans les bois pour la Duchesse de Queensberry. Et était bien entendu catégorisée patrimoine national. 

Le 20 mai 2014, à 80 ans, Rupert, Prince zu Löwenstein-Werthem-Freudenberg, comte de Löwenstein-Scharffeneck, poussait son dernier souffle, à l'âge de 80. Décédé du Parkinson. 

Homme indispensable dans le florissement des Rolling Stones.  

Ce N'est Que du Rock'n Roll (Et on aime ça!)

Charlie a quitté notre monde. Les Rolling Stones originaux ne sont plus que le duo enfermé dans la cuisine, pour commencer à créer pour le b...