Danser, Danser avec Mr. Mort

Comme trois ans auparavant, pour la tournée anniversaire des 40 ans du band, on commence l'année avec un spectacle à Montréal, au Centre Bell. Le jour des 59 de leur ami David Bowie qui ne soupçonne pas qu'il ne lui reste que 10 ans et deux jours à vivre. L'avantage d'avoir une telle route derrière soi est de revisiter des parcours connus et c'est pas mal comme ça que leur musique et leur public s'exposent. 

Les fans vont voir du rock qu'ils ont connu plus jeune, du blues/punk qu'ils aiment encore. Il y a une part de zone de confort. Autant pour l'artiste que pour le fan. Des variations d'un même style qui a changé un peu, oui, mais toujours dans le risque calculé. Sans jamais jouer autre chose que ce qu'ils sont: des amoureux du rock et du blues. 

Les calculs, c'est souvent l'affaire de Mick. Le "vibe", celle de Keef. 

Ils sont de véritables machines à fric. Là-dessus, c'est tout simplement admirable. Aux seuls spectacles du Fenway Park de Boston, qui étaient les second et troisìème spectacles d'une tournée qui en comprendra plus de 120 spectacles à travers le monde, on génère 162 millions de profits à se partager. La tournée sera la plus payante de l'histoire de la musique jusqu'à être surpassée par celle de U2,trois ans plus tard, qui elle fût ensuite surpassée par celle de Taylor Swift qui s'est terminée cette année.  Ils sont choisis pour faire le spectacle du Super Bowl le lendemain de mes 34 ans. 

Au Praia de Copacabana de Rio de Janeiro, au Brésil, (une plage) on jouera devant la plus grosse foule de leur carrière, autour d'un million 300 milles. Mick dira qu'on n'arrivait pas à complètement les voir tellement ils étaient nombreux, et une tonne de fans ont dû dire qu'ils ne les voyaient pas non plus à 1 300 000 spectateurs de long plus que de large, mais qu'à la fin de chaque chanson, les cris de la foule étaient aussi intimidants que galvanisants. Darryl Jones dira que quand Keith commence Jumping Jack Flash, un courant presque métaphysique passe du guitariste à la foule et le band est aussi transporté dans une énergie nouvelle. Charlie s'émerveille des bateaux sur l'eau et du décor extérieur. Au Japon, ils auront aussi un million au moins un soir. 

Aux Iles Fidji, Keith tombe d'une branche d'arbres, de vraiment pas très haut, et se fracture le crâne sans le réaliser. C'est seulement quand il est saisi de violents maux de tête et qu'il en est hospitalisé qu'on réalise la fracture et le caillot de sang qui s'y est glissé. Cette fois, c'est plus grave à plusieurs niveaux. Il doit même avoir une chirurgie en Nouvelle-Zélande. Reprenant une trame narrative de la tournée de 1998, celle-ci est retardée, des dates déplacées pour les raisons de santé autour de Keith. De plus, le tournage du 3e volet de la franchise du Pirates of The Caribbean voit son tournage aussi retardé, Keith devant y incarner le père de Jack Sparrow. 

Après l'opération, puisque c'est Keith, on prends la peine de lui suggérer de ne pas toucher à la cocaïne prochainement. Idéalement, jamais. Charlie devient un citoyen de l'âge d'or, il a 65 ans le même jour que notre fille en a 3. Billy Preston, avec lequel ils avaient travaillé dans les années 70, décède 4 jours plus tard, à seulement 59 ans. Ron Wood intègre un centre de réhabilitation pour traiter ses consommations d'alcool, en Angleterre. Les expériences face à la mort récentes de Charlie et Keith ont un effet sur lui. Ça l'ébranle. Lui fait réaliser que lui, plus jeune, choisit de plein gré de s'auto-détruire. 

Six semaines après s'être fait jouer dans le cerveau, Keith est prêt à reprendre du collet. On lui disait, probable congé de 6 mois, il aura fait 6 semaines. Solide le grand-papa pirate. On reprend en Italie, à Milan. On jouera quelques morceaux en italien. On vient de tourner un commercial en Italie pour une compagnie de téléphone utilisant la mannequin Megan Gale pour la compagnie de téléphone Vidafone Italy en faisant la promotion de leur nouveau single. On la réutilise pour le clip qu'on tournera en Ontario pour ce single. Qui ne fera pas mouche. Pour ce qui reste de la tournée on ne fera plus que les stades, qui contiennent plus, et les rendra plus riche, compensant pour tout ce qu'ils ont manqué sur les six semaines d'absence de Keith.

On annonce, pour combler ce qui a été annulé en Amérique du Nord, qu'on reprendra à l'automne (on est en juillet) deux mois de reprises de spectacles. Mais encore une fois, en août, on doit repousser car c'est Mick qui est atteint d'une laryngite.  

Les Stones sont encore hyper populaires en tournée. Plus que dans les ventes de disques. Et forcément, les tournées stimulent les ventes de disques. Mick s'assure du professionnalisme de tous. Plus on a du succès, plus la pression de maintenir un certain standard de qualité est nécessaire selon lui. En Septembre, Keith tourne enfin ses scènes de pirates avec Johnny Depp. 

On tourne avec Scorsese deux concerts pour un DVD qu'il concocte sur le band. Le lendemain du jour des morts, le frère de Ron Wood, Art, un musicien aussi, meurt du cancer à 60 ans. Le jour du souvenir, c'est le père de Mick qui décède, à 93 ans. Un mentor, Ahmet Ertegun fondateur d'Atlantic Records, étiquette des Rolling Stones entre 1971 et 1977, décède aussi. Et une de leur première idole et à qui Mick a emprunté toutes les danses sur scène, James Brown, meurt aussi, le jour de Noël.     

Les Stones ont plus de15 mois de tournée dans leurs vieux corps usés. Mais partout, ils rendent les gens heureux. Tout en s'enrichissant grandement. Le succès y est tout le temps.

Quand on demande à Keith ce que veut dire leur succès, il répond:

"L'opportunité de continuer"

Et ils continuent.

Continueront.

2007 les promet encore sur scène un peu partout dans le monde. Mais pas toute l'année. 

On veut voir ses proches plus souvent. On veut du temps.   

 Sur son côté. 

On sait déjà depuis longtemps qu'il n'attend personne.