samedi 29 juin 2024

Ronald David Wood

Né à Hillingdon, dans l'Ouest de Londres, Ron a deux grands frères, Art & Ted. Sa famille est unique car elle est la première génération à habiter, et où y naissent des enfants, "sur terre sèche". Toute la famille Wood, d'aussi loin qu'on peut réfléchir, est de ces familles qu'on appelle "les Bargees", travailleurs du port habitant souvent des navigations sur le lieu de travail sur l'eau. On appelle ces familles là bien souvent, les water gypsies

Art & Ted seront tous deux designers graphiques et musiciens. Ils auront une grande influence sur le petit Ronald. Il apprendra la guitare d'eux. À 17 ans, il est de la formation The Thunderbirds, à la guitare, band de son ami Ali McKenzie qui y chante et joue de l'harmonica. Bientôt, on rapetisse le nom pour The Birds, un changement aux larges ramifications futures. Tony Munroe et à la guitare rythmique, Kim Gardner à la basse et aux voix, on a deux batteurs qui se relaient, Bob & Pete. Ron est à la guitare principale, aux voix et compose pour le band. On joue du lourd R & B. En spectacle, on s'attire beaucoup de fans. Avec The Who ils sont leaders d'un style R & B plus rock. Parfois presque blues. Quand en 1965 The Byrds, avec un Y, connait un immense succès avec une reprise de Bob Dylan, le gérant des Birds avec un i intente une poursuite contre eux voulant de les empêcher d'en utiliser le son. Qui porte à confusion. Il perdra sa cause. Ne sera plus leur gérant non plus. Pour se distinguer de ce band des États-Unis on pense se rebaptiser les Birds's Birds. Il feront un cameo dans le film d'horreur britannique, The Deadly Bees

En 1967, The Birds n'existe plus. Brièvement, il prend part au band Santa Barbara Machine Head qui comprend aussi le futur co-fondateur de Deep Purple (qui lancera un album appelé Machine Head dans 5 ans) Jon Lord. Ron joint le Jeff Beck Group, mais comme bassiste. Le chanteur de leur band est un gars de deux ans de plus que lui appelé Rod Stewart. Ils deviennent vite bons amis. On fait des tournées, enregistre deux albums. Wood travaille aussi avec le band d'Eddie Phillips, The Creation.

En 1969, Steve Marriott quitte le band qu'il a co-fondé, The Small Faces. Wood reprend sa guitare et prend sa place avec les autres membres du band qui ont quand même besoin d'un chanteur. On jamme ensemble. Rod Stewart est alors membre du band Quiet Melon avec Kim Gardner, ancien Bird, et le frère de Ron Wood, Art. Ron et le batteur des Small Faces, Kenney Jones joignent le band. Après une cinquième tournée avec le Jeff Beck Group. Ron & Rod joignent les Small Faces qui ne peuvent pas utiliser le nom du band de Marriott et on devient Faces. À l'été 1969, Ron & Rod sont si proches qu'ils font l'esquisse de ce qui deviendra le premier album solo de Rod. Kenney Jones est batteur, Ronnie Lane à la basse, Wood guitare, harmonica, et voix, Ian MacLaghlan au piano et voix et Stewart à la voix, guitare occassionnelle, à l'harmonica aussi et au banjo occasionnel. 

Dans la première moitié des années 70, Faces lance 4 albums, et sont très populaires en spectacle. Wood compose, joue de la guitare et de la base, de l'harmonica, chante et co-écrit avec Rod plusieurs de ses morceaux sur ses premiers albums solos. En 1972, avec Ronnie Lane, il co-compose la trame sonore du film Mahoney's Last Stand. Une trame sonore qui ne verra le jour qu'en 1976. McLaghlan et Jones en seront aussi. Pete Townshend, de The Who et Ric Grech aussi. Avec Townshend et Grech, Steve Winwood, Jim Capalidi et Eric Clapton, Wood sera du concert appelé Rainbow, en 1973, à Londres.

Cette année là, il demande à son ami depuis les années 60, Mick Taylor, de l'aider pour son premier album solo. Wood s'est construit un studio personnel chez lui qu'il a baptisé The Wick

Il croise continuellement les Rolling Stones et joue avec Keith sur scène ici et là, chez des amis, publiquement et pour le plaisir si il ont du temps à tuer en même temps. 

Ron est facile à vivre. Pas compliqué. Les Stones prennent du temps à comprendre ce morceau de casse-tête qui leur manquait quand Mick Taylor choisit de les quitter. 

Ron ne s'impose pas. Mais il est là. 

Ponctuel, travailleur, honnête. Un bon bougre aimé de tous. 

Il sera intégré à l'enregistrement de leur album Black & Blue.

Bientôt de la pochette.

Finalement, au band. 

samedi 22 juin 2024

1974, Divorce

1974 est une année d'importance en Amérique. 

Pour la première fois de l'histoire du pays un président quitte ses fonctions parce que plus qu'assuré d'être destitué, le lendemain le temps d'un vote. Richard Nixon, pour avoir orchestré le scandale du Watergate, quitte faisant croire qu'il n'est pas un escroc. Ce qu'il est pourtant. 

Dans la disgrâce.

Culturellement, au cinéma, Chinatown, Blazing Saddles, Death Wish, Zardoz, The Godfather II, The Texas Chainsaw Massacre, The Great Gatsby, Lenny, Scenes From a Marriage, The Parralax View, The Towering Infernoouvrent les yeux et les sens, au cinéma. If Beale Street Could Talk de James Baldwin, Helter Skelter de Vincent Bugliosi,  Jaws de Peter Benchley,  All The President's Men, justement sur le scandale du Watergate, signé Bob Woodward, Carrie de Stephen King, The Forgotten Beast of Eld de Patricia A.McKillip, Fièvres et Autres Textes Dramatiques de Marie-Claire Blais, Bonjour, Là, Bonjour de Michel Tremblay sont des écrits d'envergure. Finalement, Joni Mitchell, Neil Young, Harmonium, Beau Dommage, Elton John, David Bowie, Queen (2x), Supertramp, Eric Clapton, Roxy Music, Stevie Wonder, Bob Marley, Tom Waits, Genesis lancent des albums importants dans leurs carrières. Dans le cas de Genesis, c'est même un tournant, puisque c'est le dernier avec Peter Gabriel comme chanteur. Pour Bowie, c'est son premier presque tout seul. Il apprend à jouer de la guitare électrique un peu mieux, et, de passage chez Mick Jagger, il tombe sur un de ses livres que Mick lui présente montrant le talent de l'artiste belge Guy Peellaert. Jagger a envie de passer une commande à Guy pour la pochette de leur prochain album. Bowie le battra de vitesse et sans lui dire, lance son  excellent Diamond Dogs 6 mois avant les Stones. 
Un album avec l'art de Peelaert dessus. Jagger en sera légèrement insulté.

 Il n'en sera pas à un choc près cette année là.

Sans Jimmy Miller à la production, Keith & Mick choisissent de produire eux-mêmes. Ce qu'ils n'ont pas fait depuis 1968 avec Their Satanic Majetic Requests. On se sent invincibles avec tout ce qu'on a vécu ensemble. Bill Wyman travaille de plus en plus un album solo, en Californie. En février-mars on enregistre à Munich, en Allemagne, On travaille trois morceaux, dont une merveille que Mick Taylor compose largement seul, inspiré d'un passage au Brésil. Avec John Lennon, Jagger assiste à une soirée hommage à l'acteur James Cagney, à New York. Il est aussi de l'ouverture d'un bar avec Stevie Wonder. Si Mick est très jet-set, Keith est le contraire. Il est bête de studio. Les Stones ont désormais un Studio Mobile et Keith y habite presque. 

En avril, un documentaire lancé en salle sur les Rolling Stones en spectacle est lancé. Un concert d'il y a 2 ans, au Texas. Mick Taylor est le lien qui amène Jagger et Richards à travailler avec Ron Wood sur son premier album solo. Les 2 Mick & Keith en seront. En mai, 11 jours avant la sortie de l'album de Bowie, Bill Wyman lance son premier album solo. Il est bien reçu par la critique, non prétentieux, ce qu'il dégage comme personnalité aussi. 

En jammant avec Clapton et Wood, Keith et Mick pensent lancer un album à moitié en spectacle et en moitié création studio. Mais on a trop de morceaux, on laisse tomber l'idée. On fait quand même plusieurs de ses morceaux R & B préférés du passé qu'ils avaient tant aimé. Jimmy Reed, Dobie Gray, et les Temptations. Une reprise de ces dernier survivra à la galette finale Et avec une visée entièrement commerciale, cette chanson sera aussi choisie comme second single. 

Pendant qu'on mixe durant l'été, Wyman joue sur scène avec Buddy Guy, Junior Wells et Muddy Waters au Festival de Jazz de Montreux. Keith jouera avec le band de Ron Wood, au State Theater de Londres. Richards est conscient qu'il a le luxe et l'extrême privilège de pouvoir dire "cette année, je n'ai pas envie de tellement travailler". En juillet, avant la sortie de leur 10ème album studio, les Rolling Stones lancent la chanson titre de ce futur album comme premier single

Aux 31 ans de Mick,  Rod Stewart, Pete Townshend, Mama Cass, seront des invité(e)s.

Charlie et Shirley sont en vacances avec Bill & Astrid en France. Taylor joue sur l'album de Robin Millar Cat's Eyes. Keith, passant du temps en Suisse, se fait refaire les dents et tente, sans succès, une autre cure de désintox de l'héroïne. L'album de Ron Wood est lancé un mois avant le 10ème studio des Stones. Mick passe du temps avec May Pang et John Lennon à NY et passe en studio quand Dylan y enregistre des morceaux qui seront au final de l'excellent album Blood on the Tracks. Mick ne s'impose pas au son. Dylan ne l'y invite pas de toute manière. Cet album est si intime et personnel. Jagger reste impressionné de l'artiste, mais prends aussi note mentalement qu'il ne voudra jamais tant se révéler ainsi publiquement. Jagger assiste aussi à un show de Lou Reed, à NY. Wyman fêtera ses 38 ans en France avec entre autres, le poète Français André Verdet. 

Le plan, sur deux ans, est de composer en enregistrer en décembre, pour lancer un nouvel effort en mai, partir ensuite en tournée en Amérique jusqu'en août, puis l'Europe jusqu'en 1975, lancer un film, mais pas un documentaire, puis faire la troisième partie de cette tournée encore en Europe mais autour du rideau de fer, si on peut. 

Dans le mois des morts, novembre, Mick Taylor, de plus en plus dépressif, irritable, insulté de ne pas être crédité de ce qu'il ajoute sur le morceau d'ouverture, mais surtout sur Time Waits For No One, sent qu'il peut donner tellement plus et que sa mauvaise humeur commence à peser sur les autres. Sa dépendance aux drogues est aussi un facteur de décomposition physique et mentale. Comme il est beaucoup plus jeune que les autres, il a un sentiment d'urgence qui contraste avec ce pied qui lève de la pédale de l'accélérateur pendant presqu'un an pour les Stones. Bill Wyman a la folle envie de faire la même chose, mais n'a pas envie que ça désintègre le groupe. Il n'en a pas les couilles. Et accepte les manques de respect des Glimmer Twins mieux que quiconque. De toute manière, les avantages avec les Stones sont beaucoup plus nombreux qu'ils le seraient SANS les Rolling Stones. L'accès aux belles femmes entre autres.

  Le premier single de l'album ne fera pas le top 10. On sent des touches latines dans Time Waits For No One, une de mes compostions préférées du band, une chanson qui sort du traditionnel son des Stones tout en le respectant. Luxury a des effluves Jamaïcaines. La dernière chanson est aussi une de mes totales favorites toutes époques confondues des Stones. Un morceau de paranoïa à la guitare fuzzy. Très 70's. Que je ne connais alors que de 4 ans. Le temps n'attends personne, jusqu'au prochain adieu, on sent que le temps commence à affecter le band.

Taylor quittant les Stones étonne Keith et l'agresse secrètement. Jagger est aussi un peu amer. Charlie, plus sage, en parle avec Taylor et comprend ses raisons de vouloir autre chose. Wyman aussi puisqu'il y pense aussi. Bien que montrant pour la première fois des signes de ralentissements dans les ventes, avec le temps, cet album est devenu un de mes préférés du band. Avec celui d'avant. Les autres étant peut-être usés pour mes tympans par surécoute, par le passé. 

De nos jours, c'est celui vers lequel je me tourne le plus souvent. Keith est irrité du départ de Taylor. Jamais le groupe n'a été aussi lyrique. Keith n'aimait pas être le seul guitariste quand Brian Jones y était et choisissait de jouer de tout sauf de la guitare si il ne pouvait plus diriger un band de blues. Avec Taylor, il pouvait laisser aller le jeune et lui s'assurer de la brute rythmique. Là tout serait à recommencer. Et avec des ventes moins astronomiques, une pression nouvelle et peu ressentie depuis longtemps pouvait revenir sur les épaules des compositeurs. Keith n'en a pas envie. Le plan des deux prochaines années ne fonctionne déjà plus.

Devenant des bons garçons soudainement, pour un spécial radio en Angleterre, tous les Rolling Stones parlent chacun leur tour et ensemble à des patients à l'hôpital afin de leur souhaiter un bon temps des fêtes tout de même, le 26 décembre. Wyman compile des morceaux inutilisés des Stones, afin d'en faire un coffret (The Black Box) qui ne verra jamais le jour. 

Keith rejoint Ron Wood avec The Faces sur scène avant l'arrivée de 1975. Keith & Anita habiteront chez Ron Wood pendant un temps. Dans son studio The Wick

On pense à toute sortes de solution pour un nouveau guitariste, Clapton ? Il est si bon, il sera distraction des deux principaux larrons. De toute manière voudrait-il lui qui vient de lancer en juillet son meilleur album en solo, du moins son plus vendu. On s'installe à Rotterdam pour en auditionner quelques uns. Dans le studio mobile. Jeff Beck, Wayne Perkins, Rory Gallagher s'y présentent. On travaille au moins 4 morceaux

À un spectacle de Led Zeppelin, Jagger présente David Bowie à Jimmy Page. Une relation qui deviendra vite ensorcelée et toxique pour Bowie. L'URSS refuse que les Stones jouent chez eux sous prétexte qu'ils empêcheraient les Russes à vouloir atteindre l'extrême perfection sociale. Duh !

Jagger jammera avec Ron Wood et les membres des Wings de Paul & Linda McCartney, à Los Angeles.

De retour en Allemagne, à Munich, on continue les auditions avec Wood, Perkins et Harvey Mandell. 4 autres morceaux sont aussi enregistrés
Pendant que Wood est à l'étranger, une descente policière a lieue chez lui et sa femme, Krissy, est accusée de possession de cocaïne.  

1974 est aussi un point tournant pour la carrière des Rolling Stones.

Ils ont un éléphant blanc en plein devant eux et chassent encore le mammifère proboscidien. Mick, ne se prive pas de son appétit sexuel parfois démesuré. Wyman, jamais non plus. Extra maritaux tous les deux. Beaucoup. Mick semble avoir un fétiche pour les femmes à la peau noire. Ça va influencer le titre de l'album à venir.

Mais pour la première fois depuis longtemps, les Stones ont un peu les bleus. 

Ça sera aussi du titre du prochain album. 

samedi 15 juin 2024

Nation de Pirates

Pour marquer la fin de la tournée, on culmine avec 4 spectacles au Madison Square Garden de NY où le grossier promoteur Bill Graham dira que les Rolling Stones pourraient faire salle comble au moins un an au Madison Square Garden, si ils le voulaient. Graham voulait la pia$$e. Lors du premier spectacle à NY, Bob Dylan y assiste et est aussi du party d'après-scène. Bill Wyman et Mick Jagger interviewés par Dick Cavett. Les Stones sont l'actualité New Yorkaise pendant une semaine qui se termine avec l'anniversaire de Mick Jagger, souligné sur scène, avec un gâteau qu'on finit par se lancer les uns aux autres. 

Ce sera la fin de la tournée la plus chaotique des Rolling Stones.

Au party de fin de tournée, à New York, se trouvent Stevie Wonder, Count Basie, Woody Allen, Diane Keaton, Carly Simon, Andy Warhol, Bob Dylan, Zsa Zsa Gabor. 

On passe le mois d'août en vacances. La nation de pirates que sont les Rolling Stones n'est pas la bienvenue partout. Ils se font refuser dans 9 pays en raison de la consommation de drogues de Keith. Personne ne veut être le pays qui le coincera et sera forcé de le coffrer. Keith, Anita, Marlon & Dandelion s'installent en Suisse pour les 4 prochaines années. Mick fait des voix sur You're So Vain, une chanson en partie composée sur lui par Carly Simon, qui a une courte liaison avec lui, et il travaille aussi avec Nicky Hopkins et son 3e album solo. Jagger, Watts et Wyman vont travailler ensemble sur un album enregistré en spectacle qui ne verra jamais le jour. Ils en sont empêchés parce que Decca possède les droits de leurs vieilles chansons, qu'ils font en spectacle ou non, encore 5 ou 6 ans. 

Tous les Rolling Stones sont interrogés individuellement par la police française sur leur consommation de drogues à Nellcôte. Les deux Mick passent du temps en Irlande, toujours en exil fiscal. Jagger enregistre avec John Lennon pour un album de Yoko

Fin novembre, la Jamaïque est l'un des rares pays qui accepte les Stones. Ils s'y installent pour y travailler leur prochain album. Le premier morceau travaillé est sans Keith. Jagger gratte la guitare, Taylor ajoute du sien, on compose Winter avec des arrangements rares de la part des Stones qui sont sur le point d'enregistrer leur album le plus "pianotisé". Pas moins de trois joueurs de notes au clavier seront utilisés. Ian Stewart, Billy Preston (à l'orgue principalement) et Nicky Hopkins. Stu trouvera que Winter ne fait pas tellement Stones. 

En décembre, Jagger, Watts, Wyman et Taylor passent devant un juge français et son absolus de toute accusation. 10 jours plus tard, moins de chance pour Keith et Anita qui sont trouvés coupables de possession.

En Jamaïque, on travaille et enregistre 6 autres morceaux. On revient à la base. Keith et Anita, sous accusation de possession d'héroïne, tentent d'en décrocher.  Un important tremblement de terre survient au Nicaragua et la mère de Bianca survit. Bianca s'y rend pour aider sa mère, mais aussi pour aider le pays à se reconstruire. Tout juste entre Noël et le jour de l'an. 

On commence a faire des barrages contre les Stones. L'Australie choisit de ne plus les accepter. Compromettant la tournée océanoasiatique prévue. Le Japon fait la même chose à Jagger. On fera un concert afin de ramasser des fonds, au Nicaragua avec Cheech & Chong et Santana en première partie.

On quitte pour Hawaii après avoir restructuré la tournée océanoasiatique. Charlie Watts en a marre de la vie de tournée. Mick Taylor trouve agressant de travailler des morceaux 10 heures de temps, ce qu'il croit faisable en 3. À Los Angeles, on enregistre deux autres morceaux inspirés. Ce n'est pas partout en Australie qu'on les interdit, et on termine la tournée à Perth, Sidney et Adelaide. 

Keith et Anita achètent à Ocho Rios. Anita est arrêtée en Jamaïque pour possession de cannabis, envoyée en prison, puis relâchée. Elle retourne à Londres. Insultée. Richards et Jagger fréquentent de plus en plus Ron Wood que Mick Taylor leur a présenté. Taylor et lui se connaissent depuis qu'ils ont 15 ans. Mick & Bianca offrent un chèque de 500 000$ aux victimes du tremblement de terre au Nicaragua.  Jimmy Miller travaille pour la dernière fois avec les Stones. Il est si accro aux drogues maintenant, ce majeur producteur des Stones depuis 1968, ne tient plus la route. Keith et Mick complèteront la production pour lui de l'album à venir car selon eux, Miller a atteint le stade "Brian Jones" de la loque humaine. 

Anita revient en Jamaïque et Marsha Hunt exige un peu d'argent du père de son enfant (Jagger). Mick Taylor enregistre avec le jeune Mike Oldfield, 19 ans, sur son mythique premier album. Keith est arrêté à Londres pour possession d'héroïne, de cannabis, de mandrax et d'une arme dont il n'a pas de permis.

En juillet, Mick & Bianca assistent au party d'après spectacle d'adieu de David Bowie en Ziggy Stardust, au Cafe Royale de Londres où se trouvent aussi Lou Reed, Paul McCartney, Ringo Starr, Jeff Beck, Keith Moon, Barbara Streisand, Dudley Moore. Mick Taylor aidera Ron Wood a enregistrer son premier album solo dans le studio personnel de Wood, The Wick. On tourne des clips pour trois morceaux. Le premier single ne fait pas l'unanimité puisque les gens de l'industrie auraient voulu un autre Brown SugarAngie sera pourtant #1 au Canada, en Italie, aux Pays-Bas, en Australie, en Belgique, en France, en Norvège, en Suisse et aux États-Unis.

On pratique une tournée à venir aux Pays Bas et Goats Head Soup est lancé fin août. Bill Wyman n'y joue de la base que sur 3 morceaux. Taylor et Richards se partagent la tâche sur cet album à la base, album qui sera reçu de manière inégale. On commence une tournée européenne en Autriche et en Allemagne de l'Ouest. Après un party de lancement à Londres, on y fera 4 autres spectacles, à Wembley. Et ensuite à Manchester, Newcastle, Birmingham, Glasgow, en Écosse. 

Gram Parsons meurt d'une surdose, dans la chambre 1 de l'hôtel de Yucca Valley, en Californie.

Anita et Keith, replongés dans leurs consommations, retournent faire travailler leur sang en Suisse. 

En tournée en Autriche et à Innsbruck et Munich, Keith commence une relation avec l'actrice allemande et mannequin Uschi Obermaier. On se donne en spectacle en Suisse, à Frankfurt, Hamburg et 6 fois à Munich, encore. À Rotterdam trois fois. Keith & Anita sont trouvés coupables et interdit en France pendant 2 ans, une fois mis à l'amende. 

On performe sur scène à Antwerp et à Bruxelles, mais pas en France, en raison de Keith.

Bobby Keys manque un spectacle parce que trop intoxiqué, ce qui irrite tant Jagger qu'il le bannit du band jusqu'en 1989. Avec quelques rares moments sur scène entre les deux. 

On termine la tournée à Berlin Ouest et en Allemagne de l'Ouest avec ce qui seront les derniers spectacles avec Mick Taylor. Keith est aussi trouvé coupable pour ses possessions d'arme illégale, de cocaïne, de cannabis et d'héroïne. Il écope d'une amende. Keith & Anita mettent le feu à leur chambre d'hôtel par accident. 

Mick Jagger assiste à une session de John Lennon qui enregistre son album Rock'n Roll avec Phil Spector. Bill Wyman commence à enregistrer son premier album solo. En Allemagne, on enregistre 2 nouveaux morceaux. Ron Wood se joint à eux et invite Jagger chez lui où ils composeront, avec David Bowie, la pièce titre du prochain album. Ian McLaghan et Kenney Jones, anciens The Faces aussi, sont du morceau. Quand Keith découvre, il remplace la guitare acoustique de Wood par une électrique et efface les voix de Bowie pour y enregistrer la sienne. Keith est facilement jaloux.

Wyman est d'un party avec John Lennon à L.A. Keith & Mick ont eu 30 ans cette année. Bill en a 37. Il ne sent pas que les Stones sont sa vie autant que les deux autres. Il travaille toujours son projet solo. 

Personne ne pensait que Keith atteindrait 30 ans. Personne. Pas même sa blonde. Pas même lui.

Ça se fêtait avec une speedball et du whisky. 


samedi 8 juin 2024

Les Montréal-Boston Shitshows

 Montréal & Boston.

Deux villes qui, au hockey de la LNH, ont appris à s'haïr. 

Deux villes où l'hostilité domine quand les deux clubs sont dans la ville de l'autre sur une patinoire.

Été 1972.

Les Rolling Stones sont dans leur Stones Touring Party. Au premier show de cette tournée, à Vancouver, le 3 juin, 31 policiers sont blessés quand plus de 2000 spectateurs entrent en trombe, plusieurs sans payer, dans le Pacific Coliseum. 10 jours plus tard, 60 arrestations sont faites, à San Diego, et 15 blessés seront faits, à Tucson en Arizona dans le même genre de commotion dès le lendemain. À Houston, 81 personnes sont arrêtés, majoritairement parce qu'en possession de marijuana. Hostile je vous disais. 

La musique des "mauvais garçons du rock'n roll" inspire les "mauvais" comportements. À Denver, Stephen Stills et Keith Richards se chicanent tant que des couteaux sont pointés l'un vers l'autre. 

Les shows de Montréal et Boston seront des shits shows. Des shows que les gars n'aimeront pas et dont les déroulement seront plus-que-rock'n-roll. Le jet privé des Stones à une fuite d'huile sur l'une de ses ailes et est paralysé sur une piste de l'aéroport de Montréal. Mick Jagger en a été terrifié à l'atterrissage. Mais le serait encore plus au décollage. Que ce problème se règle et vite. Après le spectacle prévu, ça doit être réglé. Nous sommes le 17 juillet.

 

Les Stones adorent Montréal. Comme tout le monde devrait. La ville est rythmée, animée, et ils essaient même la poutine et les côtes levées dans la sauce brune généralement réservée à la poutine. Mais si les Stones adorent le côté latin français qu'ils explorent de jour, en fin de journée, le directeur de tournée les approche pour leur dire qu'ils viennent d'être "bombés". De la dynamite avait été placée sous un des camions d'équipement des Rolling Stones, à l'extérieur du Forum de Montréal. Heureusement personne n'a été blessé. Les dommages sont même limités. Une rampe de déchargement détruite, un trou dans le camion, des fenêtres dans les environs de brisées. Mais ça reste une bombe. C'est troublant. 

La motivation n'a jamais été claire. On ne saura jamais c'était qui. La bombe n'est pas placée sous le camion mais sous la rampe. On accusera les membres du FLQ, fraichement dans l'actualité pour les mauvaises raisons depuis octobre 1970. Il s'est passé tant de choses dans l'entourage des Stones, que c'est traité de leur part comme un simple inconvénient. Les instruments sont sauvés. Le spectacle sera repoussé de quelques heures parce qu'une rumeur veut que ce ne soit que la première de 4 bombes à exploser. Que peut-être, les Hells Angels qui en voulaient à Mick de les avoir blâmé pour la mort de Meredith Hunter, au concert d'Altamont, sont derrière ça aussi. Comment ça se passera sur scène, à Montréal ? Jagger, atterri nerveux, le restera toute la journée. Même sur scène. Quand un bruit ressemblant à un pétard surgit de la foule pendant la livraison de All Down The Line, Mick plonge au sol et fait passer pour un geste de danse. En professionnel, il ne lâche pas la note. Il entend 3 fois le pétard et comme si ce n'était pas encore assez, une bouteille de vitre est lancée dans sa direction et le manque de peu. On accélère la fin et on veut quitter au plus maudit. "Messy show." "Not good, man." Sera entendu après le spectacle de la part des Stones.

Mais le jet privé ne part toujours pas. Et ils doivent être sur scène, à Boston, au Garden, le lendemain soir. On passe le temps en jouant au soccer sur le tarmac. Plus de 3-4 heures comme ça. On arrivera potentiellement en retard sur scène. 

Le trajet se fait dans la nuit et atterrira ailleurs que prévu. À Rhodes Island. Parce que le brouillard les y oblige. On sera officiellement en retard sur scène, ça leur prendra un autobus. Mais un serpent entrera dans le jardin secret du STP Tour. Andy Dickerman, photographe d'un journal local, apprend que le band s'y trouve. Il y fonce, caméra en main. C'est un fan des Stones en plus. 

Tout le monde est fatigué et veut arriver sur scène, à Boston, très rapidement. Dickerman essaie de prendre des photos des Stones, qui n'en ont pas envie. Surtout Keith qui jongle avec une pochette pleine d'amphétamines. Dickerman réussit à prendre des photos. Même si tout le monde lui dit de ne pas le faire. 

18 000 fans sont au Boston Garden.

Mick Taylor essaie la diplomatie avec Dickerman. Le généralement posé Charlie Watts s'impatiente aussi alors que ça fait plus d'une heure qu'il prend des photos d'eux alors qu'on lui martèle de ne pas le faire. La police est amenée sur les lieux et choisit le côté de Dickerman. Il est dans son droit professionnel. Les Stones se cachent et se moquent de lui en faisant des grimaces dans son dos ou en lui tournant le dos se masquant le visage pendant une bonne vingtaine de minutes. La tension monte. 

Dickerman voit Keith au loin qui lui fait dos. Ce sera réveiller l'ours. Alors que Richards ouvre son sac de drogue, la caméra vient faire exploser son flash derrière sa tête. Très énervé il le repousse de son pied, enlève sa ceinture et fouette le sol avec pour lui faire peur. Dickerman mentira qu'il avait été fouetté de la ceinture. La police en a assez et arrête Richards. Jagger arrive à la course et commence à injurier les policiers qu'ils détestent. Ils l'arrêtent aussi. Tout le monde se met à hurler. On arrête les gars de la sécurité des Stones qui s'imposent physiquement. Bobby Keys, le joueur de saxophone, jumeau cosmique et grand ami de Keith Richards, fait tout pour se faire arrêter mais la police comprend son jeu et bien au contraire, le laisse japper dans le vide. 

Richards et Jagger sont envoyé en cellule de prison. Au Rhodes Island. Attendus à Boston.

18 000 personnes écoutent la première partie, l'excellent Stevie Wonder. À qui on demande d'étirer le plus possible. Mais la foule n'est pas complètement là pour lui. Après 3 ou 4 fois l'annonce de Stevie Wonder, les huées se font sentir. Le maire s'en mêle. Il se rend sur place et fait ce que les politiciens font très bien, il ment. Il annonce qu'un bris d'équipement force le retard de l'entrée des Stones sur scène. Les huées qui n'étaient que timides sont maintenant nourries. Personne n'y croit. Pourquoi faire venir le maire pour un tel problème technique ? 

Les fans se jasent entre eux. Se lancent des frisbees. Fument des joints, avalent des pilules rouges. Plusieurs finissent par quitter, non pas sans quelques gestes de vandalisme pour exprimer leur frustration. 

Keith & Mick ne sont pas intimidés en prison. Toute leur carrière on a voulu leur faire la peau. Les casser. Sans succès. Ils sont défiants de toute les autorités de toute manière, ce n'est pas une nuit en prison qui les écoeurent, c'est de manquer un spectacle, ce qui ne serait que la seconde fois de leur carrière, la première depuis 1962.  Ces rebelles doivent se rendre à Boston. Bill Wyman, Charlie Watts, Bobby Keys et Mick Taylor attendent pour s'y rendre. Prisonniers en quelque sorte, aussi. 

L'équipe de tournée travaille fort pour tirer toutes les ficelles et les amener à Boston. C'est un coup de téléphone du maire de Boston qui les fera sortir. C'est devenu une question de sécurité on vandalise sa ville parce qu'ils n'y sont pas. On leur obtient, à contrecoeur des limousines, on est même forcé de leur faire une escorte alors qu'on venait de les arrêter. On arrive à Boston alors que le spectacle est commencé depuis plus de 5 heures et que la première partie en a joué trois heures et demie et Wonder est déjà à son hôtel. 

Pour tuer le temps, le directeur de promo lit le journal d'1h du matin, au micro . Ce qui enrage encore plus la foule. Mais quand le maire revient au micro, on a espoir. Après le huées, il dit à la foule que si ils se comportent bien (parce que notre ville brûle en ce moment-ce qu'il ne dit pas) les Rolling Stones vont apparaître. La foule, intoxiquée jubile. Le maire se présente comme étant le héros. Je les ai sorti de la prison, je les amène sur scène, comportez vous intelligemment à votre sortie. Et la foule, étonnamment le fera. Le spectacle prévu le 18 à 19h commence le matin du 19 juillet vers 1h30 du matin. Des gens qui étaient sur le point de quitter voient les limousines et reviennent. La joie du public est réelle. 

Brown Sugar qui ouvre le spectacle sera sur l'adrénaline. Tout le spectacle sera d'une énergie puisée dans l'adrénaline.

On jouera ensuite à Philadelphie et Pittsburgh. On filme Cocksucker Blues pendant la tournée. Un film qui ne sera jamais vraiment rendu public. un film trop osé. Dangereux pour leurs images. 

D'un côté Jagger et ses amis qui sont parfois Truman Capote ou la princesse Lee Radziwill, Terry Southern. De l'autre les amis de Keef, William S. Burroughs, Gram Parsons ou Kenneth Anger. Deux tons différents. Mais sur scène. Une symbiose. Forts sont encore les Stones. 

samedi 1 juin 2024

Boules de Flipper

Dans les jeunes années 70, la drogue, le sexe et le rock'n roll sont traités avec une certaine légèreté. Il n'y a pas d'informatique ou de téléphones intelligents pouvant nous renseigner rapidement et facilement sur les effets de tout ce qu'on pense, de tout ce qu'on fait. L'image n'existe que par la télé, le cinéma ou les journaux/magazines. 

Quand Mick Jagger engage le directeur de relations publiques de la tournée STP, l'entretien se fait avec Gary Stromberg, Étatsunien déjà derrière presque tout le monde sauf les Beatles. 

Stromberg
Et les Rolling Stones...mais ça s'apprête à changer. Stromberg est surnommé "Snort", car il est connu qu'il consomme lui-même beaucoup de cocaïne pour se garder sur le qui-vive. Et près de ses artistes. Jagger le reçoit dans la luxueuse ancienne maison de Marion Davies, à Los Angeles. Et à la Mick Jagger, dans un geste hyper calculé, il va s'assoeir à l'autre bout d'une table de plus de 20 pieds pour discuter affaires avec Stromberg. Il sera important qu'il se concentre principalement sur la gestion d'image du band. Qui se montre invulnérable, mais qui est tout le contraire. Jagger craint pour sa propre sécurité depuis Altamont. Keith craint que tout s'arrête si on le coince avec de la drogue. Qu'il consomme démesurément. 

Avant de se rendre à Vevey, en Suisse, on le transporte sur une chaise roulante, couverte sur le corps, la tête dodelinant de gauche à droite, intoxiqué, caché du regard de Marlon, 2 ans, qui en serait traumatisé. On le transportera en ambulance car s'assoeir dans une voiture est aussi une impossibilité tellement il est sous l'emprise des drogues. C'est pire pour Anita qui est extrêmement enceinte de Dandelion Angela, et dont la naissance pourrait faire souffrir la petite et mourir la mère. Mais rien de tout ça ne survient. 

C'est aussi ce qui leur fait croire à leur propre invulnérabilité. On choisit de vivre expressémment comme une boule de flipper. Keith a besoin du chaos et Mick de garder tout ça bien vivant. Les Glimmer Twins se savent différents dans leurs fréquentations, dans leurs créations, dans leurs méthodes et dans leurs entourages, mais savent qu'ils ont entièrement besoin l'un de l'autre. Ils se complètement à merveille. C'est même la qualité première du band. Tous les 5 deviennent parfaitement 1 quand ils prennent leurs instruments, que ce soit en pratique ou sur scène. Les Beatles ont été rapidement 4 individus séparés. Jagger est suffisamment brillant pour savoir quoi faire pour s'inscrire dans une meilleure durée. 

Il a beau dire qu'il n'est pas un homme d'affaires intéressé à faire de l'argent tout le temps, mais il sait exactement comment le faire. Keith dépense jusqu'à 100$ par jour pour sa consommation de drogue. Il s'agit de près de 800$ par jour, en dollars de 2024. Et même en déséquilibre mental et physique, quand il prend sa guitare, les riffs se glissent au bout de ses Sticky Fingers, Charlie et Bill se synchronisent aussitôt, Taylor brode autour de ce que Keith gratte et c'est tout ce que ça prend pour que l'énergie surnaturelle de Mick se mette en marche. Encore de nos jours, les gens restent impressionnés de voir comment le désordre, le drama, et le chaos, semblent régner autour d'eux, mais qu'en moins de 6 minutes, quand Keith commence à jouer, Charlie, Bill embarquent aussitôt, Taylor tricote et Mick s'agite en parfaite communion. Outre Mick Taylor, ces gars-là sont pratiquement continuellement en tournée ensemble depuis plus de 10 ans. Il savent s'anticiper et s'écouter. Taylor se sent d'ailleurs toujours plus "invité" que membre du band. 

Dans le smog de L.A. et l'aérienne ambiance saupoudrée de rock'n blues, le jeune Taylor plane dans un véhicule populaire qui le dépasse beaucoup et l'essence qui fait avancer ce véhicule est la cocaïne, l'héroïne, les amphétamines, le haschisch et la marijuana. Tout s'y trouve assez facilement dans la bulle du band. Quand Keith se fait "changer d'huile" en Suisse, Bill Wyman l'appelle régulièrement par soutien moral. Il parle même de venir lui rendre visite. Mais est vite convaincu de ne pas le faire. Les résidents et travailleurs de l'endroit n'ont pas encore identifié Richards comme un membre d'un band si populaire. Si Wyman s'y pointe, on pourrait finir par comprendre des choses et attirer toute sortes de gens à l'institut, ancêtre des cliniques de réhabilitation qui n'existeront pas encore avant deux-trois ans, proprement.

Sexe, drogue & Rock'n roll. Toujours sans conséquences. Du moins sans évaluations des conséquences. Car quelques conséquences il y en a. Danny Seymour,  jeune photographe/cinéaste est complètement accro aux drogues. Il s'achète un bateau de 38 pieds pour tenter de fuir sur l'eau (symbole de liberté) et de vaincre ses dépendances en raison de sa présence dans la bulle des Rolling Stones, deux ans avant la tournée. On retrouvera le bateau. Jamais Seymour. Il avait 21 ans. Ça terrorisera Mick Taylor qui en a alors 22. Mais qui a plongé tout de même dans tout ce qui se consomme de Nellcôte à la tournée qui a suivie. Pour être un Rolling Stones il faut accepter d'être une boule de flipper. Et la sonnerie de la machine résonne si fort, on ne réalise pas tout le temps qu'on vient de créer un nouveau morceau entre deux shows.

Greenfield
On s'amuse, mais il y a une noirceur certaine dans ce qu'on chante. Une noirceur complice. Quand Stromberg amène un single dans une station de radio, il paie en cocaïne le DJ pour la faire jouer et ça fonctionne. Entre DJ, on se compétitionnent et c'est parfois à celui qui voudra le plus de cocaïne jouera le plus de Rolling Stones sur sa station. Robert Greenfield, journaliste attitré à la tournée par le magazine... Rolling Stones n'a que 24 ans. Et passe parfois pour un travailleur de l'équipement avec le band. Il n'est pas question, selon lui, d'entrer en contact, jamais, avec un des membres du band. Ce sont eux qui entrent en contact avec vous et pas l'inverse. 

Quand je vous dis qu'ils sont aussi souvent sans conséquences, dans un bar (une discothèque même)de Londres, mal nommée The Big Apple, Greenfield et le band sont dans une sorte de sous sol qui serait la piste de danse en soirée. Il fait très froid. Anita et Marlon y sont aussi. On devrait y pratiquer, se "réchauffer". Mais ironiquement, il fait très froid. Keith panique et trouve que Marlon prendra froid. Les vestiaires sont barrés. Time waits for no one. Keith a toujours fameusement un large couteau avec lui. Il entreprend de défaire la porte barrée. Greenfield s'y met aussi. Sans qu'on se parle, sans même qu'on se regarde, et bien vite on a démonté la porte barrée et sommes entrés dans le vestiaire. Anita, Astrid, Bianca sont toutes là, personne ne dit que ce n'est peut-être pas la chose à faire. 

Quand l'assistante du patron de l'endroit arrive avec les clés pour ouvrir la porte qui est maintenant au sol, elle trouve la porte au sol, s'en étonne, personne ne fait de contact visuel avec elle après le premier contact visuel, et se met à parler de choses et d'autres étouffant l'éléphant dans la pièce. Elle rebrousse chemin sans rien dire. 

Aucune conséquence pour les pirates. 

Le casting de Keith Richards comme père du pirate Jack Sparrow était un coup de génie, 35 ans plus tard. 

Une grande différence s'impose entre Keith et Mick, Le premier aime perdre le contrôle et se rendre jusqu'à presqu'extinction. Créé presque dans l'apesanteur. Le second aime raffiner en studio et contrôler le plus d'aspect possible autour du band. Il est également aussi sexuel que Bill Wyman (enfin moins) qui couche avec une nouvelle femme (malgré Astrid) dans chaque ville que la band fréquente. Ils ont ce côté matelot avec une femme dans chaque port. Dans la seconde partie de la tournée STP, la belle Chris O'Dell se joindra à eux. Jagger et elle seront quelques fois partenaires sexuels. 

Elle, et toujours quelques autres.  

Malgré Bianca. 

Keith, Charlie, sont exclusifs à leurs partenaires. Mick Taylor, on ne sait pas trop. Ça dépend toujours de l'état de sa tête.  

Mais ils sont boules de flipper.

De flipper en flipper.

Cette tournée commencera à faire peur.

Entendre Cogner Aux Portes

Darryl Jones est au meilleur endroit au monde. Tout comme Bill Wyman avant lui, il profite de tous les avantages d'être dans un band qui...