À L.A. TOUT LE MONDE est une ressource. Les Stones, qui y ont enregistrés le gros de leur matériel des années 60, y retrouvent de leurs anciens amis, ou encore, des gens qui n'osaient pas se présenter comme leurs amis, intimidés par les rock stars, mais qui, 30 ans plus tard, leur donne beaucoup d'aide. Les Stones mesurent les traces qu'ils ont laissé sur plus de 30 ans. Charlie se met des sons auxquels on ne s'attends pas de sa part dans les oreilles pour inspirer ses percussions.
Pour devenir plus riche encore, il faut dépenser. C'est connu chez les initiés. Depuis Steel Wheels, il y a 7 ans, où on a investi 10 millions, les Stones sont une véritable machine à fric. Si ce n'est pas entièrement vrai dans les ventes d'album, c'est tout à fait vrai en tournée et en marchandise et en publicité. Et quand on lance la diarrhée de chiffres autour des ventes d'albums, il faut comprendre qu'il s'agit du nombre d'albums vendus aux magasins de disques. 18 millions d'albums vendus ne veut pas dire que 18 millions de personnes ont ce disque en oreille et en main. Ceci veut dire que les acheteurs des magasins ont tous été assez convaincus des ventes qu'ils en ont achetés 18 millions de fois. Voilà pourquoi que lorsqu'un disque est lancé, on a l'absurdité de parfois offrir un disque déjà vendu, 18 millions de fois. Aux magasins. On ne parle jamais des disques qui seront un jour retournés au maison de disques.En tournée, c'est différent. L'argent se rend plus vite aux poches. Encore plus si on participe à la conception des mises en scène (Mick), des éclairages (pas mal tout le monde), des design (Charlie) des décors (pas mal tout le monde).
Le dernier morceau a être enregistré pour ce 23e album sera fait avec la participation du saxophoniste Wayne Shorter. Au mois d'août, on mixe cet album. Une semaine plus tard, on traverse la pont de Brooklyn en Cadillac Rouge et en grande pompe, afin d'annoncer en conférence de presse l'album et la tournée à venir. On tourne un clip avec l'actrice Angelina Jolie pour le premier single, lui, lancé le 22 septembre suivant. Une semaine plus tard, leur nouveau disque est planté en magasin. On ira pratiquer à Toronto, endroit qu'on aime beaucoup pour aller pratiquer, depuis quelques tournées. Pour faire de l'argent: répéter la recette. Les Stones ne s'attendent plus à des réactions immédiates à ce qu'ils proposent. Si ça arrive, tant mieux, mais ils savent que ça peut, peu à peu, se gagner par le clip ou en tournée.
On ouvre cette tournée à Chicago, joue à Columbus pour la première fois. À Winnipeg pour la première fois depuis 1966, puis le lendemain, à Edmonton. On ne parle jamais nostalgie. Bill n'y est plus, le passé comprend Wyman, mais aussi Brian Jones, Stu ou Mick Taylor et aucun des 4 n'est de nos jours présents, à quoi bon ressasser leurs époques. Même si on joue des morceaux de 1964 en tournée. De 1971 ou de 1981. Charlie souligne qu'il reste épaté de voir que Mick & Keith soient si différents, un est organisé et méticuleux, l'autre parfaitement bohème, se comportent souvent comme les deux enfants de 10 ans qu'ils étaient, mais finissent toujours par s'entendre, même si ça implique quelques fois quelques vannes et argumentations.
Keith ne peut pas en vouloir complètement à Mick, sa direction organisationnelle les rends plus riches que jamais. Mick ne peut pas en vouloir à Keith entièrement, la direction musicale est principalement la sienne, et la trace mauvais garçon est dans son ADN. C'est la marque qu'ils sont devenus. De payants et très riches mauvais garçons. Parmi eux, un homme tout à fait charmant qui arrive à faire oublier Bill, qu'on pense encore parfois retrouver d'un coup d'oeil, sur scène, en Darryl Jones, à la base. Il a eu à tout apprendre le catalogue des Stones, ne s'en est jamais plaint. Et selon Charlie, joue probablement à 15% de son potentiel à jouer leur répertoire.Étrangement, quand les Stones se donnent en spectacle en Amérique, le public est plus âgé. En Europe, sans explications réelles, le public se compose de nombreuses familles. En novembre, on tourne un nouveau clip. Quand la tournée se termine vers Noël, c'est pas moins de 274 millions qu'on se séparera en profits.
Mick & Keith ont l'âge de ma conjointe. 54 ans. Elle n'a pas cette fortune. Moi, encore moins. Un nouveau fils pour Mick & Jerry naît, Edward, le 13 décembre.
C'est au Colisée de Québec, où les Rolling Stones jouent pour la toute première fois, que s'ouvre la seconde partie de la tournée, avec une scène simplifiée. (Parce qu'à Québec, tout est plus petit, mais ne leur dites pas)..Une laryngite pour Mick Jagger, mais surtout la crise du verglas fait annuler et recéduler les concerts prévus à Montréal, Syracuse et Toronto.
Ce n'est que la seconde fois où un/des concert(s) des Stones est/sont annulé(s) et recédulé(s). La première en raison de Mick Jagger. Dès la mi-janvier, Mick est rétabli et on reprend la tournée. Dans l'ordre, puisque la tournée est largement commanditée par AOL (America On Line), Mick, Keith, Ron et finalement Charlie, parleront en direct à leurs fans à des soir donnés entre le 2 décembre 1997 et le 11 février 1998. En avril, Bill Wyman & Suzanne Accosta ont une 3e fille ensemble. Keith se brise 3 vertèbres en tombant d'une échelle, chez lui, cherchant un livre. Pour des raisons fiscales, la tournée ne pourra pas se terminer avant 1999, faisant de cette tournée, techniquement la plus longue de l'histoire des Stones, sur 3 ans. Une seconde laryngite pour Mick oblige de nouvelles remises de dates, en Italie et en Espagne.Tant qu'à faire le tour du monde aussi longtemps, on enregistre en spectacle un peu partout. Pour un potentiel projet d'album en spectacle. Avec leur commanditaire internet, le public vote une chanson par concert qu'il voudrait entendre. Mais parfois, les réseaux de certains endroits sont merdiques et on apprend l'identité de la chanson qu'une 1h, 1h30 avant le spectacle.
Et parfois, on ne l'a jamais pratiquée avec Ron ou Darryl...Mais le band est tight. Riche en accords. Riche partout.
Avec une tournée qui glisse sur trois ans, il n'est pas anormal de les retrouver à Paris pour remixer des morceaux pour un projet d'album enregistré en spectacle. On livre toujours ce qui est attendu. On surprend moins. Mais on est plein de foin.
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