Ressources, Refuge, Rescousses, & Irritations

Été 1979. 

Ma famille comprenant deux parents enseignants, qui ont donc l'été de congé, mes deux soeurs de respectivement 6 et 4 ans et moi (J'en ai 7) ferons "le tour de l'Amérique du Nord" à bord de la Station Wagon familiale, les trois enfants que nous sommes dormant parfois dans le coffre arrière les uns aux côtés de autres. Ce sera magique comme voyage. En Californie je découvre pour vrai le baseball en allant voir un programme double entre Dodgers et Giants et achetant (mes parents achetant) dans le premier match, un casque de plastique des receveur des Dodgers, puis dans le second, celui des Giants. Les utilisant pendant les pratiques quand je serai moi-même receveur. Dans les mois qui suivront, je prendrai conscience de beaucoup de choses. 

L'année suivante, un second test de Q.I. (le premier en maternelle) confirme les résultats d'il y a quelques années, et on flirtera avec l'idée de me faire sauter une année scolaire par en avant. Ce qu'on ne fera pas au final. Je gagne un championnat des marqueurs au hockey avec 67 buts et 42 mentions d'assistance pour 109 pts en 40 matchs et je me passionne pour ce sport et pour le baseball dont je réussis à collectionner les complètes collections de cartes O-Pee-Chee. Les deux seules complètes que je n'aurai jamais. Que j'ai encore. J'essaierai de faire la même chose dans les trois années suivantes, sans succès. Je découvre aussi la musique, mais encore, timidement. Je vois bien la pochette de Hot Rocks 1964-1971 dans la collection de disques de mes parents. C'est le dernier album sur le bout et c'est la pochette qu'on voit le plus. La photo est belle. Elle m'impressionne. Mais si ma mère fait jouer Play With Fire ou As Tears Go By et mon père tape du pied sur Satisfaction et Jumping Jack Flash, je ne réalise pas que ce sont les Rolling Stones et que c'est cet album. Y a pas de mots sur cette pochette. La photo de l'album me fait plutôt inconsciemment associer ce que je vois à quelque chose de cérébral. Pas animal. Je ne le pense pas clairement comme ça à 8 ans, tout de même, mais c'est pas associé cognitivement. Cet album ne sera vraiment découvert par moi, que 7 ans plus tard. De plus pour l'instant, c'est la musique de mes parents, pas la mienne. En 1980, je le vois pleurer pour la première fois le soir du référendum. Cette année là me semble fondation de tout ce que je suis aujourd'hui. 

Les Stones de leur côté, ne sont plus la saveur du jour. Depuis presque 20 ans, 4 d'entre eux s'affirment ensemble. Prennent quelques minutes seulement pour jouer harmonieusement en communion quand ils se quittent un bout de temps. 

Ils ont maintenant plus de 35 ans. Une sorte d'anthologie des années 1971 à 1977 est lancée au Royaume-Uni seulement et c'est souvent le signe que le meilleur est derrière nous. On compose toujours beaucoup et on ne se pose jamais la question si, en se déhanchant comme un animal sur scène, on a l'air fou. Bill Wyman se sépare temporairement d'Astrid et commence à fréquenter la mannequin Suzanne Accosta. Pendant que Keith est à Paris avec Lil Wergilis, à sa résidence de South Salem, à New York, un jeune homme de 17 ans de l'entourage d'Anita Pallenberg, intoxiqué, joue à la roulette russe avec un fusil de Keith et perd la vie. Anita ne sera pas tenue responsable. Keith sera si dégoûté de la négligence dont il tient responsable Pallenberg, que ce sera la fin réelle de leur fréquentation. 

En studio, à Paris, on fait un morceau qui s'improvise en seulement deux prises. Ça reste, à ce jour, un de mes morceaux préférés du band peu importe l'époque. Un blues profond qui s'abandonne au rythme. Jagger collabore avec Neon Leon sur une reprise du band. Mick prend beaucoup de décisions et ça semble agacer Keith parfois qui semble chercher des poux sur un peu tout. Il est dans un esprit de confrontation et ils sont plusieurs à le remarquer. Il se trouve moins impliqué dans les décisions. Et il confronte Mick sur plusieurs points, assez souvent. Trouvant que les morceaux se ressemblent. Shattered et She's So Cold entre autres. Et restant frustré quand on lui dit que "tout le monde aime ça, alors on laisse ça comme ça". Il ne se trompe pas trop sur le fait que ça se ressemble.

Quand Keith était à la dérive de la drogue, Mick a pris le contrôle des affaires et Keith ne l'a pas pleinement réalisé. Il n'était que musique. Maintenant qu'il redevient sobre, il a envie de replonger son nez dans l'ensemble des affaires du groupe, mais Mick s'y plaisait seul depuis un bout de temps. Keef entend à un certain moment quelque chose de très blessant en provenance d'une autre pièce.

"I wish he was a junkie again". 

Keith met fin à sa relation avec Wergilis et commence à fréquenter Patti Hansen. La relation débute lors d'une soirée organisée par Mick Jagger & Jerry Hall. Hansen lui offre les clés de son appartement comme refuge, rien de sexuel, pour que Richards fuit le chaos qui entoure les Stones. Elle sent qu'il a besoin d'abord d'une amitié. Que le Keith sobre, ne plait pas. Peut-être même pas à lui-même. Que son nouveau style de vie n'est pas bien ajusté. Enfin qu'il s'y ajuste gauchement. Au jour de l'an 1980, Keith attend Patti Hansen dans les marches de son appartement.

Passe le 31 décembre/1er janvier avec elle. Ce qu'il ne cessera jamais plus de faire. 

Mick et Keith découvrent Prince. Dont ils sont très impressionnés du talent. Utilisant déjà le falsetto quelques fois, Mick, qui travaillait un morceau avec Bill, Ron et Charlie, choisit de le chanter dans ce style avec Wyman aux synthés électriques et Woody à la basse. Ce sera la pièce titre. Afin d'éviter les confrontations, Jagger travaille de jour et Keith, de nuit. Un article cite de manière erronée (vraiment?) que Bill Wyman voudrait quitter le groupe. Ron Wood et Jo Howard sont tous deux arrêtés pour possession de cocaïne à St-Martin. Emprisonnés 5 jours puis déportés aux États-Unis. Il apprend à être mauvais garçon avec les mauvais garçons du rock' n roll. Pour le nouvel album, il a offert un des meilleurs morceaux, un long jam funky qu'on aime tant qu'on tranche en deux et offre en deux parties, la seconde étant retitrée avec le temps. Et sur lequel joue Micheal Schreive aux percussions, de la formation Santana. 

Lors d'une session de photo pour l'album à venir, Mick & Keith se chicanent ouvertement sur les choix des mix pour le produit final. Keith préfère les siens, de nuit, Mick, les siens, de jour. Et comme il y a plus de Stones de jour, c'est souvent Mick qui a le dernier mot. Jagger confesse ne plus aimer autant les spectacles que le travail en studio. En juin, on lance le 15ème album. Charlie Watts se garde loin de tout le drama. On offre du varié, à l'écoute de son époque, tout en ne trahissant pas l'ADN du band. 

On a beaucoup de matériel en stock. Tant que Keith dit vouloir lancer un second album la même année.

Mick lui propose au contraire, de ralentir afin de davantage peaufiner. 

Les tiraillements sont constants.
Deux singles seront tirés de cet album, et performeront relativement bien. La chanson titre sera #1 au Canada. Deux clips sont tournés et cette visibilité aide.

1980 est une année qui me fait naître en quelques sorte, et pour les Rolling Stones une année qui fait claquer de rage quelques portes. 

Ils ne sont pas morts, puisque l'album sera #1 au Canada, en Allemagne, en Suède, au Royaume-Uni et aux États-Unis. De gros marchés.

Reagan arrive. Le capitalisme aura le vent dans les voiles. Mick sortira ses talent d'hommes d'affaires.

Qui a du flair.