Certains critiques, comme Lester Bangs, sont très durs pour la réception de
Black & Blue. "
The heat is off. It's all over now. They really don't matter anymore" écrira-t-il. L'album offre du reggae,
un jam qui semble improvisé, du
disco/funk, une voix de falsetto. Des
confessions d'adultères peu
subtiles. Tous les membres du groupe sauf Charlie Watts ont triché leur épouse. Ils s'en expliquent avec leur partenaires respectifs en disant qu'il s'agit de l'histoire d'un autre ou de personnages que Mick incarne pour l'image du groupe, l'image des mauvais garçons. Leurs copines ne sont pas connes. Ne les croient en rien.
Certains d'entre eux, sont vraiment mauvais garçons avec les femmes.
On reconnait toutefois sur l'album une influence de la musique soul, ou issue des communautés noires comme
la Jamaïque. On salue une certaine audace de s'adapter au disco qui monte en flèche et l'utilisation du falsetto dans le refrain de
l'un des deux singles lancés pour faire la promotion du disque. Une ballade qui n'ira jamais plus loin que la 6ème position, où que ce soit dans le monde.
En écoutant
le second album de Bill Wyman, on comprend qu'effectivement, il est complètement ailleurs dans ses envies musicales. Ce n'est pas mauvais du tout, mais ce n'est pas les Stones. Bien qu'il enregistre sous l'étiquette du band, quand vient le temps de faire la promotion de son second effort, Jagger & Richards font légèrement et subtilement de l'obstruction. Il ne faudrait pas davantage faire dévier le son original du groupe. Déjà que les deux capitaines ne s'entendent plus toujours, si il fallait imploser par inégalité des sons...Mais avec leur gestion des droits d'auteur, que savent les Glimmer Twins sur l'égalité ?
L'album vend moins, et Richards s'en voudra d'avoir plié à trop d'influence de Billy Preston ou de Mick Jagger. Plusieurs disent que leur dernier effort marquant est
Exile on Main Str et sur cet album, Keef était pratiquement seul maître à bord. Sans critiquer l'ajout de Ron Wood, on a vent que Peter Frampton, Jeff Beck, Eric Clapton ou Steve Marriott étaient peut-être sur les rangs pour joindre le band et certains se plaisent à fantasmer sur ce qu'ils seraient alors devenus. C'est cruel pour le gentil et sympathique Ron Wood. Mais les Stones ne s'en feront pas trop. Ils ne peuvent quand même pas se battre contre les nostalgiques qui voudraient des versions 2 de
Satisfaction ou
Brown Sugar, qui ont quand même respectivement plus de 10 ans dans le corps et 5 ans.
Les Stones venaient de
lancer 4
albums en autant
d'années, dont un double, entre 1971 et 1974. Le fait d'avoir mis plus de temps à offrir l'autre fait monter les attentes. On s'attend à du meilleur puisque travaillé sur une plus longue période. Voilà pourquoi que malgré les 2 millions de ventes, les gens restent sur leur appétit.
Donna Summer ou
KC & The Sunshine Band sont #1 avec leurs airs de Girogio Moroder et leur funk disco respectivement. Le punk naît en Angleterre, les Stones font figure de vieux rockers d'une autre époque. Et peu sont près à du "nouveau" de leur part.
On fera une tournée en Europe qu'on pratique en Allemagne et en France. Woody et Keef se trouvent une chimie. Si Keith sait jouer à deux guitares, Woody l'apprend. Et vite et bien. Pas d'élans de virtuosité. Mais du rythme endiablé. On
joue maintenant facilement 4
morceaux du
nouvel album pour en stimuler
les ventes. On tourne du clip promotionnel à Kiel, en Allemagne de l'Ouest. Mick ne sent pas immature de bouger sur scène à 33 ans comme il le faisait à 21. Il souligne même que tout signe de maturité serait accidentel de sa part. Mais quand il se maquille en se peignant le visage, Keith trouve qu'il en fait trop. On se parle fort après un spectacle en Écosse où certains auront trouvé que Billy Preston jouait trop fort et d'autres pas. Épuisé, et toujours malhabile en voiture, Keith s'endort au volant, perd le contrôle de son véhicule et prend le champs. La police le trouve en possession de cocaïne et de LSD. Il est arrêté et libéré sous caution. Devra comparaître.
Charlie, responsablement, tente de parler à Keith de sa dépendance aux drogues, mais Keith lui répond qu'il ne fait que les aimer, comme on aime le jus d'orange ou les bananes. Bill sait quand Keith n'y est plus car il se retire verbalement, n'interagit plus, tombe en mode zombie. Puis, soudainement, se lève la tête et dit "
Hey Bill, ça va ?" et ce dernier comprend qu'il est revenu de son "voyage". John Lennon semble vouloir compétitionner avec Richards sur la consommation de drogues depuis quelques années. Il se comporte comme si il était Beatle dans un costume de Rolling Stones. Il se sent pierre qui roule. Il l'affiche avec
peu de subtilité sur la pochette de l'album de 1974 qu'il tricote
avec son ami Harry Nillson. Les lettres
D et
S encerclant le tapis (
rug).
En Mai, à Londres, Mick Jagger rencontre la mannequin Étatsunienne Jerry Hall, alors fiancée de Bryan Ferry. Il l'avait brièvement croisée deux ans avant, et ils avaient flirté ensemble. En juin le bébé de 2 mois de Keith et Anita, Tara, meurt de problèmes respiratoires. Keith va rejoindre Anita en Suisse, vivent le deuil ensemble. Anita se convainc, peut-être pas à tort, que sa consommation de drogues pendant qu'elle était enceinte, y est pour quelque chose et ne se pardonne pas.
On se donne en spectacle
aux Abbatoirs, en France et pour la première fois en Espagne, dans la formidable ville de Barcelone. Les Stones sont en tournée pour leur plus longue tournée Européenne en carrière, jouent en Yougoslavie pour la première fois et clôturent la tournée en Autriche, le 23 juin 1976. Charlie & Shirley, Mick & Bianca, Ron & Krissy, Bill & Astrid retraitent en France, mais les Jagger viennent chez nous, à Montréal, pour assister aux jeux olympiques d'été et assister à la victoire du Cubain Alberto Juantorena double médaillé d'or en athlétisme, aux courses. Il fêtera ses 33 ans à NY avec Andy Warhol.
Les Stones remarquent que plusieurs de leurs fans sont nouveaux et s'en félicitent. Ils ont 13-14 ans, et se fichent des Stones des années 60 à 74. Tant mieux pensent-ils. Nous ne sommes plus le même band de toute manière. Nous en sommes même la troisième incarnation. Il y en aura une 4ème un jour. Sans Bill. On jouera au festival de Knebworth devant 200 000 personnes.
Richards & Jagger contribuent et produisent
l'album de John Phillips, un album qui ne verra le jour que posthume, en 2001. Ron Wood, Charlie Watts, Mick Taylor y participent aussi. Wood choisit d'émigrer aussi aux États-Unis pour des raisons fiscales. Mick assiste à la première du film
The Song Remains The Same sur Led Zeppelin. Il contribue aussi à l'enregistrement d'un bluesman de Chicago,
Willie Mabon. Krissy donne naissance à un fils, faisant d'elle une maman et de Ron, un papa pour une première fois. Mick est sur place quand ça survient puisqu'elle crève ses eaux un soir où les Wood sont hôtes d'une soirée entre ami(e)s. Woody participe
au dernier concert de The Band, mis-en-scène et filmé par Martin Scorcese mettant aussi en vedette, Bob Dylan, Muddy Waters, Van Morisson, Eric Clapton, Neil Diamond, Emmylou Harris, Joni Mitchell, Ringo Starr et Neil Young.
En décembre, Keith enregistre Run Rudolph, Run avec Ian Stewart. En janvier il repasse en cour, est trouvé coupable de possession de cocaïne mais pas de LSD. Il a une amende mais pas de peine de prison. Il est lassé et se demande pourquoi on harcèle pas les Sex Pistols à la la place ? Lui, il a donné en cour. Charlie Watts et Ian Stewart enregistrent avec Ronnie Lane et Pete Townshend à Londres.
Les Stones signent un contrat de 4 albums pour l'étiquette WEA en Amérique du Nord et EMI, en Europe. 14 millions seront ainsi investis. À Toronto, Anita est arrêtée à l'aéroport en possession de cannabis et d'autres substances pharmaceutiques. Keith rejoint le band qui y pratique. Il sera à son tour arrêté à sa chambre d'hôtel en possession de beaucoup trop d'héroïne pour passer sous silence. Il a aussi de bonne quantité de cocaïne et des produits de pharmacie pour en faire un commerce. Il est relâché sous caution, mais devrait éventuellement (re) comparaître. Mick est exaspéré. On commence à s'inquiéter de ne plus pouvoir partir en tournée là où on voudra. On parle de sentence de prison possible car les quantités sont si grandes, qu'il est accusé de trafic.
Mick fait la rencontre de la femme du Premier Ministre Canadien Pierre Elliott Trudeau, père indigne de l'actuel Premier Minus Canadien Justin Trudeau. Jagger flirte avec la mère de Justin, Margaret Trudeau. Ron Wood aura une affaire avec la fan des Stones. Trudeau cocu, ça fera du bruit. Le directeur de tournée avait demandé à Margaret de quitter l'entourage des Stones si elle ne voulait pas porter ombrage à son mariage et à son célèbre mari, mais elle refuse et on dit que Mick partage aussi ses draps. Peut-être même Wyman. Les Stones craignent un 5 ans, sans Keith. Comment ne pas faire de tournée, de disques, pendant si longtemps, si il fait de la prison ? On fait deux spectacles sans s'annoncer au
El Mocambo, un bar rappelant le
Crawdaddy de leurs débuts. Ron Wood leur propose de jouer des morceaux de leurs débuts comme
Come On ou
Little Red Rooster et le band s'y prête volontiers. Dans les moments durs, on se rapproche et on joue plus serré encore. Laissé seul à Toronto un temps, Keith enregistre du matériel solo qu'il ne réutilisera jamais. Des reprises de George Jones,
Merle Haggard, Tammy Wynette, The Everly Brothers entre autres. Il revisite ce que Gram Parsons lui avait fait découvrir. Il enregistre sa version d'
un morceau de Big Maceo avec Stu. Richards est prisonnier du Canada, (
comme Margaret Trudeau est prisonnière de son mariage) et doit obtenir un visa pour quitter le pays.
Mick, Charlie, Bill & Ron tiennent une réunion sur leur avenir commun et le nouveau contrat de 4 disques. Wood apparait sur scène avec les Eagles au Madison Square Garden de NY. Watts & Wyman retournent en France. En avril, Richards obtient son visa pour les États-Unis où il ira s'y faire traiter avec des électrodes dégageant des endorphines. Si Keith avait commencé tout ça c'est parce qu'il y trouvait refuge et confort afin d'affronter dans le retrait l'idée d'être une star tous les jours de sa vie, maintenant il prend conscience pleinement qu'il punit tout le monde avec ses choix stupides.
Jagger est vu au cirque dans la foule, à New York, avec John & Yoko. Il commence à fréquenter Jerry Hall davantage. N'ayant pas le droit de quitter plus de 40 kilomètres de Philadelphie, où il est traité. Keith mixe avec Mick un album en spectacle qu'on voudra lancer d'ici peu si on écrit rien de nouveau. On ne s'entend pas beaucoup sur ce qu'on veux sur disque. Jagger tourne dans la parodie
All You Need is Cash. Keith et Anita sont peu à peu désintoxiqués et les traitements portent assez fruits pour qu'ils soient plus libres. Jagger, Richards et Wood assistent à une série de spectacles de Led Zeppelin, au Madison Square Garden, et fréquentent ponctuellement Jimmy Page.
Charlis Watts et Ian Stewart enregistrent du jazz avec Bob Hall et George Green, en Angleterre. Ron se sépare de Krissy. Commence à vivre avec Jo Howard. Avec Stephen Stils, Keith joue pour le plaisir. Jagger est découragé. Voilà trois fois que Richards ne se présente pas en cours pour sa cause de trafic, et il y a constante remise, ce qui attire partout l'attention dans le monde. On craint maintenant de repartir en tournée où tous les pays les attendront d'un oeil averti. Bill Wyman se fait plaisir en jouant de la base derrière Muddy Waters sur scène au Festival de Jazz de Montreux, en Suisse, ce qu'il avait aussi fait, 3 ans avant. Ron Wood joue un punk dans la parodie d'Eric Idle, The Ruttles. Jagger tourne aussi une scène pour Idle. Love You Live est lancé en septembre. Il s'agit d'un album double, car on ne s'entend tellement pas sur la sélection des chansons que les deux premiers côtés sont l'album de Keith et les deux autres sont celui de Mick.
Ron Wood, pour s'occuper, joue avec Jimmy Page dans un évènement de charité. Le punk devient sensation cette été là avec les Buzzcocks, The Sex Pistols, Wire, ou The Clash. On se rend en France pour penser ensemble un album suivant.
Habitant New York, croisé avec ce nouvel intérêt pour le punk, Mick injecte une certaine dureté à ce qu'il a envie de créer. On ne fuit pas le disco, mais il souhaite fouetter davantage. Mick compose beaucoup pensant que Keith sera écarté du band longtemps. Le producteur Chris Kinney insiste sur la spontanéité du band, et Mick pousse Keith à jouer plus vite, comme en spectacle, mais en studio français. On croise punk et rock. Keith Moon, batteur de The Who, leur rend visite, est arrêté pour désordre public, à son hôtel, et envoyé en prison, puis libéré sous caution par les avocats des Stones le lendemain matin.
Mick prend en charge un peu malgré lui l'album qui suivra. Fin 1977, il peaufine encore les morceaux qu'il vient de créer pendant que Keith gère sa situation en cour pour repasser devant les juges en février 1978. Keith reprend sa consommation d'héroïne pour Noël. Anita fait la même chose. Et y ajoute des surconsommations d'alcool. Marlon a 9-10 ans, ne va pas à l'école, comment sera-t-il intégré en société ? elle fuit la question en s'intoxiquant. Anita et Keith se séparent peu à peu. Elle est consciente qu'il a de nouvelles liaisons occasionnelles. Après que Keef dise à Mick merci de l'avoir soutenu, Mick place les mots sur un morceau que Keith a principalement musicalisé. Keef en compose une autre, qu'il chantera aussi. Une réponse à son arrestation torontoise.
De janvier à mars 1978, on finalise ce qui deviendra leur 14ème album studio. On reprend un morceau des Temptations, Mick ajoute un morceau qui sera très controversé, un autre très près de ce que fait Merle Haggard, d'abord chantée par Keith qui y met beaucoup du sien, mais au final, que Mick chantera. On tourne des clips pour 3 morceaux à New York et célèbre les 33 ans de Bianca Jagger au Studio 54 avec Truman Capote, Liza Minelli, Ryan O'Neal, entre autres. Dans le même mois de mai, la relation entre Keith et Anita, après 11 ans, prends fin. Libérés tranquillement de la dépendance à l'héroïne, Keith se libère d'Anita, qu'il considère toxique à ce niveau.
Avec Mick, il contribue et produit un album de Peter Tosh à Woodstock. Keith se désintoxe difficilement, passant ses journées couché avec ses électrodes. Que Mick ou Jerry lui réajuste comme de bonnes maman le ferait avec un fils. "Regarde, il prend un bain !" . Keith recommence à tirer des couteaux dans les arbres, à avoir du caractère, c'est bon signe, Mick reconnait son ami de toujours. Il redevient lui-même.
On lance un premier single dont le titre fait peut-être référence à celui qui manquait tant à Mick. Mais qui semble réapparaître enfin.
Miss You.
C'est une renaissance. Après un certain éclatement.