samedi 3 février 2024

Andrew Loog Oldham

Né le 29 janvier 1944, d'un père militaire tué en vol quelques mois avant sa naissance, et d'une mère d'origine australienne infirmière et opératrice de comptomètre, ancêtre de la calculatrice, Andrew fréquente une école pour garçons, ce qui, à la puberté, lui fait connaître ses première expériences sexuelles avec ce qui est disponible alors: les garçons. Il passe ses étés adolescents à faire le guide pour les touristes dans la France des années 50. 
Il sera aussi, en quelque sorte, reconnu comme guide par l'histoire. 

Dans les années 60 de Londres naissantes, il découvre les cafés de Soho, et la culture pop qui y grouille, devenant assistant du designer John Stephen sur Carnaby Street. Il sera plus tard, assistant pour Mary Quant qui fait ses débuts comme designer de mode. Par contacts, il devient pigiste et publiciste pour certains contrats pour des artistes musicaux. Joe Meek, le premier. Pour faire la promotion de Bob Dylan lors de son premier passage au Royaume-Uni, en 1963. Puis, Brian Epstein, gérant des émergents Beatles lui demande des petites choses pour ses clients. 

Un ami journaliste parle à Andrew de cette grouillante scène  R & B qui nait de plusieurs pubs de Londres. Les jeunes s'y retrouvent et s'y amusent et des groupes amateurs y font des spectacles assez intéressants selon lui, il lui suggère d'aller voir ce qui s'y passe. Oldham prend le tout très à la légère, mais s'y rend quand même. Giorgio Gomelsky est celui qui représente les Rollin' Stones, mais il le fait non officiellement, sans accréditation ni rien. 

Oldham se fraie un chemin dans les coulisses avant le spectacle et croise Jagger et Chrissie Schrimpton, sa copine du moment, en train de s'engueuler. Mick lui jette un regard de dédain qu'il soit témoin de leur engueulade. Oldham est tout de suite charmé. 

Oldham ne connait du Rythm n' Blues qu'Elvis. Dans cette foule, il ne voit que des jeunes. Qui savent à quoi s'attendre. Qui suivent ce band depuis plusieurs spectacles car ils/elles connaissent les chansons. Public et artistes sur scène ne font qu'un. Oldham est encore plus charmé. 3 sont accotés sur le mur, nonchalants, Keith, Stu, Brian. Mick est droit comme un bâton au micro mais dégage le soul d'un chanteur noir. Wyman tiens son instrument très haut comme une contrebasse et lui parait médiéval. Charlie est le seul qui ne soit pas en bras de chemise. Celle-ci lui est boutonnée jusqu'au cou et il porte veston et cravate. Il est très sérieux face à ce public qui frise l'hystérie. Il semble être AVEC les Rollin' Stones, mais ne pas en faire partie. Semble avoir été arraché à un band de jazz plus sérieux que ces poilus. Un gentleman parmi le vagabonds. 

Au piano et au maracas, déjà fatigant pour l'oeil d'Andrew, Ian Stewart dont il trouve qu'il a le torse de Popeye, la mâchoire de William Bendix, la coupe de cheveux de Ray Danton, mais ratée. Déjà, Oldham trouve qu'il bouge mal et ne cadre pas sur scène avec les 5 autres. Brian et Keith jouent tant en symbiose qu' il ne devient pas facile de savoir tout de suite qui joue quoi. Fluidité que Keith raffinera toute sa vie. Brian est celui qui scrute la foule comme un jaguar sorti de la jungle. Wyman, derrière, fait la même chose et le fera toute sa carrière, se choisissant une fille avec qui coucher après le spectacle. 
Le fera toute sa carrière.

Oldham adore ce qu'il voit et entend. Une réponse aux Beatles qui commencent à inonder le monde de leurs personnalités et leurs sons. Ils sont tous plus vieux que lui. Ça l'intimide. Il se prend vite un "assistant" en Eric Easton, il ne veut pas affronter ça tout seul. Mais Easton est nettement plus expérimenté que lui. Oldham était aux côtés de Brian Epstein quand le ciel s'est ouvert laissant sortir les Beatles, mais Andrew n'y était que témoin de la chose, alors que maintenant il a la chance d'être au coeur de ce qu'il sentait faire vibrer les jeunes tout autant: un ouragan. 

Le Crawdaddy Club est l'arène des Rollin' Stones, leur royaume. Et Oldham se trouve au milieu d'un public qui jouit autant qu'on le fait pour les Beatles. Il choisit de ne pas les rencontrer tout de suite. Il doit absorber le merveilleux qui vient de l'habiter. Se construire le personnage qui va les approcher aussi. Il a plusieurs obstacles. Pour signer un band, il faut être agent. Pour être agent il faut avoir un permis pour le devenir. Il fallait une licence du London County Council et pour ça, il faut avoir 21 ans. ALO en a 19. Il faut aussi avoir un siège social. Oldham est loin de tout ça. 

Il a demande conseil à Brian Epstein, avec lequel il travaille, lui offre sa démission comme pigiste pour lui et a le culot de lui demander si Epstein veut travailler avec lui pour les Rollin' Stones. Epstein ne le rappellera pas là-dessus. Il lui souhaite bonne chance. Oldham retourne voir les Stones avec Eric, cette fois. Toujours très enthousiasmés mais maintenant deux à se motiver à l'être. Eric Easton est plus qu'un assistant, il est associé, mais surtout, agent. George Harrison qui se rend voir le groupe en spectacle au moins deux fois aide à convaincre que c'est un band à prendre au sérieux. 

Après un spectacle qu'il voit avec Eric, ALO se rend sur scène et de demande à Charlie Watts qui est le leader du groupe. Watts pointe vers Brian Jones. Eric dit à Jones qu'il aimerait devenir leur agent et présente Oldham comme un gars qui a travaillé avec les Beatles. Jones et eux acceptent de se reparler d'ici deux jours.

Deux jours plus tard, Jones & Jagger s'assoient dans le bureau d'Easton avec Oldham. On leur parle du devoir de représentation que ceux-ci veulent faire pour eux. Ils ne promettent rien, mais disent vouloir bien essayer. Jones ne comprend pas encore qu'il fait entrer dans la bergerie celui qui le tassera dans le coin.

Déjà, Oldham n'a de yeux que pour Jagger. 

Gomelsky enterre son père le soir où ALO et Easton rencontrent les Stones après leur spectacle. Il se fait doubler par Oldham et Easton car rien n'est signé avec lui. Oldham et Easton leur font une offre. Qui comprend la supervision et le contrôle de ce qui serait enregistré en studio. 25% des revenus et les agents paient les frais de studios. Le reste à eux. Contrat de 3 ans. Brian Jones vient le signer seul mais confesse quelque chose.

 

Trois mois avant, Jones avait signé un contrat avec IBC Studios. Ceux-ci avaient offert du temps de studio gratuit et les efforts du producteur Glyn Johns et en retour se gardait un option de 6 mois, jusqu'en juin sur les droits du matériel, les garder pour vrai et investir sur eux. On avait offert un démo de 5 chansons à toutes les étiquettes, mais sans succès. Les parents de Brian Jones entrent alors en scène et paient la sortie de ce contrat de IBC Studios.  Glyn Johns se sent trahi et poignardé dans le dos. Jure ne plus vouloir entendre parler d'eux. Se ravisera dans le futur. Dans seulement 3 ans même.

Decca, qui avait refusé les Beatles, est la cible pour Oldham qui présente ce que le band a à offrir en disant qu'il a travaillé pour les Beatles, qu'il ne peuvent pas refuser l'impact des Beatles deux fois. Ça suffit pour qu'ils leur offrent un contrat de disque.

Le 7 juin 1963,  un premier single est lancé. Une reprise de Chuck Berry. Sur la Face B on reprend Willie Dixon chanté par Muddy Waters. Roger Savage produit le 45 tours. Il atteint la position 21 des palmarès britanniques. 

Dès septembre, les Beatles conquiert le monde confessant vouloir être aimé d'elle. Inspiré d'un récent morceau de Bruce Channel

Voulant suivre le rythme, on lancera le premier 45 tours des Stones en Amérique, en octobre. Suggéra nt Allez! On veut être aimé (aussi).

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